13.
Le
lendemain matin, Léonor profita du jogging quotidien de Ryan pour
brancher le disque dur externe fournit par Papi Victorien. C'est avec beaucoup d'excitation qu'elle
installa les logiciels, et le nom de l'icône du bureau lui arracha
un éclat de rire : « Les bons gâteaux de Mamie Monique ».
Celui-là
alors... Ça se voit qu'il ne me connaît pas... Faudra changer ça.
Mais avant...
Elle
double-cliqua donc sur « Les bons gâteaux de Mamie Monique »,
et elle sautilla sur son siège lorsqu'elle vit les dossiers
s'afficher : Karine d'Atlantys, Edouard Plènozas, Nyls d'Atlantys,
Steven Munrow... Et puis elle fronça les sourcils : Angès.
Intriguée, elle voulue l'ouvrir, mais on lui demanda un mot de
passe. Elle tenta « gâteaux », « porte-jartelle »,
« petite culotte », « Monique », « roti »,
et plein d'autres mots du même genre, sans succès. Déçue mais pas
vaincue, elle prit la décision d'y revenir plus tard. Elle cliqua
donc sur « Edouard Plènozas ». Différents sous-dossiers
s'offraient à elle : origines, fixe, mobile, mail, contacts,
dossiers bancaires, propriétés.
Eh
ben didon...
Elle
cliqua sur fixe, et plusieurs exécutables s'affichèrent, dont
« écouter ». Elle sélectionna cette option, mais le
programme ne se lança pas.
Il
faut sûrement qu'il soit en communication.
Elle
parcourut la liste des autres programmes, et en vit un très
intéressant : « Switch ». Un numéro de téléphone lui
fut demander, et elle indiqua le sien. Il n'y avait donc plus qu'à
attendre qu'Edouard reçoive un coup de fil.
Très
satisfaite, elle laissa son joujou quelques instants pour aller
s'attacher les cheveux, qui lui chatouillaient le visage. En
revenant, elle aperçu une silhouette connue s'apprêtant à pénétrer
dans leur jardin. Un sourire au coin des lèvres, elle éteignit son
boîtier à qui elle dit :
- « Je reviens vite ! »
- « Fani ! Ca faisait longtemps ! Cria-t-elle d'un ton enjoué du pas de la porte où elle enfilait sa veste.
- « Bah oui... Vu l'accueil de l'autre fois, je me suis tournée vers mon voisin. Seulement voilà, il est tellement dégoûtant qu'il laisse toujours traîner ses journaux, si bien que le service a décidé de ne plus le livrer, et ce jusqu'à ce qu'il change ses habitudes... Et comme ma voisine de droite me déteste, eh ben me voilà... Ça vous ennuie pas que je regarde les résultats du Bishuno ?
- « Mais, non, allez-y.
- « Vous êtes bien aimable...
- « On vous pique toujours votre journal ?
- « Bah oui... Mais on s'y fait. Si l'autre faisait un petit effort aussi, je ne serais pas là à vous embêter. Mais sinon, comment allez-vous ? Ça vous plaît la vie ici ?
- « Je ne me plains pas...
- « Tant mieux. Dites ! J'ai su que votre mari avait intégré l'équipe 3 d'Atlantys ! C'est génial !
- « Oui, il est très content.
- « Très bien, très bien... Vous êtes au courant au fait, de la soirée au Fever ?
- « Non...
- « Ah, bah je serais pas venue pour rien ! Plènozas inaugure son nouveau club sur la route du Domaine Faivre, et on raconte que tout le gratin sera là. Même Ladopthé. C'est sa femme qui va être contente !
- « Pourquoi ?
- « Beh parce-qu'elle est super coincée ! Elle ne sort quasiment jamais, et à sa place, savoir mon mari entourée de filles toutes plus belles les unes que les autres... Surtout si y'a la Harflaural. Nan, j'dormirais pas tranquille...
- « Monsieur Ladopthé aurait-il besoin de lunettes pour reconnaître sa femme ? Demanda Léonor sur le ton de la confidence et à moitié amusée.
- « Surtout pas ! Lâcha Fani en un grand éclat de rire. Ça aurait l'effet inverse ! Mais ça c'est parce-que vous ne l'avez jamais vue... »
Ca
ne saurait tarder...
Pensa Léonor qui avait déjà
un pied dans la voiture.
Une fois Ryan de retour et après avoir rangé son matériel d'espion, la
jeune femme avait pris la voiture en direction du domicile du fameux
Ladopthé. Après un petit coup de fil à son « ami »
Germain Vasseur pour en connaître l'adresse, Léonor arriva à
destination. La vue du manoir lui arracha un petit sifflement
d'admiration, et l'idée qu'on puisse lâcher sans se battre un tel
privilège lui parut peu probable.
Lorsqu'elle
sonna à la porte, elle fut accueillie par Madame Ladopthé
elle-même, qui collait parfaitement au portrait dessiné par Fani
quelques instants plutôt. Ceci dit, une belle femme se cachait quand
même sous cet affreux tailleur, cet air austère et cette coupe
démodée. En effet, elle avait malgré tout de magnifiques yeux
bleus qui ne demandaient qu'à être mis en valeur. Pendant qu'elle
détaillait point par point son interlocutrice, Léonor se présentait
comme à son habitude. Elle s'apprêtait à demander une entrevue
avec Eric Ladopthé, quand une voix masculine se fit entendre :
- « Sylvana
! Tu sais où est encore passée Angélina ? Ca fait 3 fois que...- « Nous avons de la visite chéri... »
Un homme
d'une quarantaine d'années apparut alors, et Léonor se présenta à
nouveau.
- « Et
en quoi puis-je vous aider ? Demanda-t-il une fois qu'elle eut
terminé.- « Étant donné que vous êtes en charge du Quartier, j'aurais quelques questions à vous poser.
- « Eh bien venez donc vous asseoir. »
D'un
geste poli, il l'invita à pénétrer dans le salon. En jetant un
coup d'oeil sur sa droite, elle aperçut ce qui devait être la salle
à manger, au fond de laquelle trônait une cheminée magistrale.
Cheminée qui était allumée et qui lui envoyait des vagues de
chaleurs très agréables.
Il n'y
avait pas que la cheminée qui en imposait. Le salon était
magnifiquement meublé et décoré par des objets tous plus précieux
les uns que les autres.
- « Pour
commencer, j'aimerais savoir depuis combien de temps vous êtes en
fonction.- « Eh bien ça va faire 11 ans maintenant.
- « Pouvez-vous m'expliquer les circonstances de votre arrivée ?
- « Je faisais partie d'un petit parti politique à SimCity, et je m'étais fait remarquer à l'occasion de quelques interviews télévisées. J'ai été contacté par Edouard Plènozas pour assurer la régence du Quartier en attendant la prise de fonction de l'héritier, qui était mineur à l'époque.
- « Quels étaient les termes du contrat ?
- « Je vous l'ai dit : il s'agissait de diriger Atlantys pendant quelques années.
- « Mais cela n'était pas frustrant de savoir qu'un beau jour, tout cela allait disparaître ?
- « Eh bien non, parce-que je trouvais que c'était déjà une belle opportunité. Et puis rien n'est perdu ! Toutes ces années de gestion m'ont beaucoup apporté et je pourrais me servir de cette expérience pour des projets futurs. »
- « Et ils vous ont mis à la tête du Quartier comme ça ? Livré à vous même ?
- « Non, pas tout à fait. Ils ont fait appel à moi parce-que personne n'était apte à diriger Atlantys, et ce parce-que seuls les membres de la famille principale d'Atlantys reçoivent la formation adéquate. La politique externe leur est tout à fait étrangère, comme la gestion du territoire, la communication, la diplomatie... En revanche, je ne fais pas ce que je veux. Il y a un conseil d'administration qui est majoritaire dans toutes les décisions. Au final, je propose, et ils décident. »
- « Pouvez-vous me donner les noms des membres du conseil ?
- « Oui... il s'agit d'Irène d'Atlantys, de Charly d'Atlantys, de Germain Vasseur, de Romin des Plaines et de François Faivre.
- « Et comment cela va se passer, maintenant que le dernier Atlantys est décédé ? Demanda Léonor en marquant les noms précités sur un papier. Allez-vous rester en fonction ?
- « Ce n'est pas encore décidé. Il faut attendre qu'Irène d'Atlantys fasse enfin son communiqué sur la disparition de son petit fils. Le conseil ne pourra se réunir qu'après cela. »
- « Quels sont vos rapports avec Edouard Plènozas ?
- « C'est un ami pourquoi ?
- « Vous vous connaissiez avant de venir à Atlantys ?
- « On s'était croisé. Il connaissait mon travail, et je pense que c'est pour cela qu'il est venu vers moi.
- « Il vous a donc parlé du fait qu'il pourrait diriger Atlantys, qu'il était un héritier potentiel ? »
Ladopthé fronça les sourcils :
- « Non, mais de toute façon, ce n'est pas possible. Il faudrait qu'il passe par sa femme, et une femme ne peut pas gouverner ici.
- « Mais les choses peuvent changer... Avant votre arrivée, personne ne croyait qu'un étranger pouvait diriger le Quartier. »
Cette éventualité parut le troubler. Puis, soudainement, son visage changea d'expression :
- « Quoiqu'il en soit, si cela devait arriver, je ne pourrais que m'en réjouir. Les Plènozas sont des gens très bien, et je suis sûr qu'ils exerceraient leur fonction avec beaucoup d'humanité. »
Mais
bien sûûûûrrr...
Avant
que Léonor eu le temps de poser une autre question, Ladopthé reprit
la parole :
- « Très
bien, j'espère avoir répondu à vos questions... Étant attendu
dans moins d'une heure à l'autre bout du quartier, je vais
devoir...- « Je vous en prie. Merci pour votre temps, Monsieur Ladopthé.
- « Ce fut un plaisir. Et bonne chance pour votre enquête. »
Sur le
pas de la porte, Léonor arbora de nouveau son sourire préféré :
le satisfait.
Contente
d'elle-même, elle se hâta jusqu'à sa voiture pour rentrer chez
elle.
Une fois
arrivée, elle s'était dépêchée d'aller se changer car la neige
avait mouillé son pantalon et ses chaussures. En redescendant, elle
entendit Ryan, qui était sorti, appeler son prénom. La jeune
femme sourit devant la posture peu discrète qu'avait prise son mari.
Jouant
le jeu, elle accepta de le rejoindre, et fit même semblant de
regarder dans la direction que lui indiquait Ryan : celle d'un
soi-disant pigeon bleu.
Les
échanges de boules de neige se terminèrent en bagarre, tous deux
roulant dans la neige et essayant de mettre à l'autre de la poudre
glacée dans le cou ou sur le ventre. Léonor brava l'interdit d'en
mettre dans le caleçon, ce qui lui valu une grosse boule de neige
entre les 2 omoplates.
Leur jeu
de mains et de vilains (surtout vilaine...) se termina quand Ryan
entendit Louis pousser des cris de désespoir dans son lit, où il
venait de faire sa sieste.
Allongée
seule dans la neige, Léonor apprécia ce bref instant de bonheur :
elle se sentait extrêmement proche de la vérité, qui semblait
fortement liée à Plènozas et Ladopthé. Le médecin avait dit que
Ryan était entièrement guéri, et le fait qu'il ait continué à
s'entraîner avec sérieux lui donnait de très bonnes chances de
retrouver son niveau en peu de temps. Du coup, il était heureux, et
du coup, il était encore plus amoureux, et du coup, Léonor était
aux anges.
Commentaires
Enfin, au moins Leonor semble avancer ... parce que moi j'ai toujours aucune idée !
Je maintiens l'idée d'un complot Plènozas-Vasseur (bien que Germain n'a pas l'air assez futé pour, mais bon), avec complicité de Ladopthé. Oh, d'ailleurs, j'adore tous ces noms, ils sont tellement dans l'esprit Sims 1 et 2 ! ^^