10.
Cette
nuit là, ils dormirent chacun de leur coté, Léonor tenue en
respect par l’aura agressive de son mari. Le lendemain, lorsqu’il
se leva pour s’occuper de Louis, elle resta au lit, toujours
mortifiée par les événements de la veille. Au bout d’un moment,
elle finit par descendre, en prenant bien soin de raser les murs. Il
était là, sur le canapé, en train de regarder SimSport, pendant
que Louis s’affairait à sa table d’activité. Ryan ne leva même
pas le regard en lui disant :
-« Je
vais courir. »
Il
éteignit le téléviseur, et sortit en fermant la porte d’un coup
sec.
La jeune
femme poussa un soupir, et alla s’agenouiller près de son fils :
-« Alors
mon Loulou, qu’est-ce-que tu dessines ?
-« Une
voitu.
-« Tu
veux continuer à dessiner, ou tu veux que je te lise un histoire ?
-« Veux
bien une histoi. Avec des voitu. »
Léonor
sourit, se leva en caressant la tête de l’enfant, et alla chercher
un livre dans la bibliothèque. En revenant, elle vit son fils assis
sagement, les genoux ramenés vers lui. Elle s’installa de manière
à lui faire face, et commença la narration. Malheureusement,
quelques minutes suffirent pour qu’elle pense à autre chose.
Toutes ses pensées étaient tournées vers une seule personne depuis la nuit précédente, et c’était Ryan. Elle n’avait même pas remarqué
qu’il avait repris une activité physique. Etait-elle régulière
ou lui servait-elle de défouloir ? Ne forçait-il pas trop ?
Etait-il conscient des risques qu’il prenait ? Comme à chaque
fois qu’elle s’inquiétait, son cœur se mit à battre plus fort
et son regard se troubla. N’arrivant plus à lire, elle prit sur
elle et se força à se concentrer sur ce qu’elle faisait. Elle
jeta un coup d’œil à son fils, qui écarquillait les yeux,
curieux de savoir ce qui allait arriver à Vroum-Vroum la petite
voiture embourbée. Cela la fit sourire et fit baisser sa tension
d’un cran.
Après
le livre, ce fut le tour des jouets, puis de nouveau un livre, et au
bout d’à peu près une heure, Ryan réapparut. Louis poussa un cri
de joie et se jeta dans les bras – les genoux – de son père,
comme s’il ne l’avait pas vu depuis des jours. Léonor profita de
ces retrouvailles pour aller enfiler des vêtements plus confortables
et retourna à son ordinateur afin de reprendre le travail entrepris
la veille. Aucun des expéditeurs ne s’appelait « Kérine »,
et le seul « K. » s’avérait être un « Kevin ».
Elle était encore dans une impasse. Certes, elle aurait pu prendre
un pseudo pour communiquer avec Nyls, mais premièrement, elle se
demandait bien pourquoi faire vu que personne ne connaissait son
existence, et deuxièmement, cela lui prendrait un temps fou de lire
tous les mails. Bien qu’elle savait qu’elle le regretterait, elle
attrapa son téléphone et composa un numéro qu’elle aurait
préféré oublier :
« Bonjour
Germain, C’est Léonor. »
-« Alors
vous êtes toujours là, constata la chef de la police en voyant la
jeune femme arriver.
-« Oui
Germain, et pour une fois, vous allez peut-être pouvoir m’aider à
résoudre cette affaire, le taquina-t-elle. Ce qui m’étonne, c’est
que vous soyez surpris. Je pensais que Maître Bonnet vous aurait
sonné les cloches plus vite que ça…
-« Et
qu’avez-vous fait comme bêtise pour que je me sente menacé ?
-« J’ai
été à La Tour, annonça-t-elle fièrement. Et je ne suis pas
mécontente d’avoir fait basculer Mathilde Bonnet dans mon camp.
Une dure à cuire cette jeune fille. »
Germain
parti alors d’un rire franc :
-« Ah
ça oui. En revanche, ce qui n’est pas étonnant, c’est qu’elle
soit allée contre la volonté de son père… Elle a toujours fait
ce qu’elle a voulu cette gamine. Mais ce qui est sûr, c’est que
vous lui avez plu. Sinon, elle ne vous aurait pas aidé. La tête que
va faire ce bon vieux Patrick en apprenant ça, se dit-il pour lui
même. Enfin… Allez, entrez Léonor, on va pas rester dehors… »
La jeune
femme le suivit à l’intérieur jusqu’à un petit
salon.
Une fois
qu’ils furent installés, Germain demanda :
-« Alors,
qu’a bien pu vous révéler la jeune Bonnet pour que vous soyez de
si bonne humeur ?
-« Eh
bien pour être exacte, ce n’est pas elle qui me l’a appris. Elle
m’a aidé à trouver une amie proche de Nyls. Suzanne Ebadi. Ca
vous dit quelque chose ?
-« Non.
-« Eh
bien cette jeune fille m’a parlé d’une certaine Kérine, avec
qui il sortait. Ce prénom vous évoque-t-il quelque chose ?
-« Non
plus… Et d’où sort-elle ?
-« Eh
bien c’est là que ça se corse… Apparemment, ils n’avaient pas
le droit de se fréquenter, donc tout ce qui tourne autour de leur
relation est un peu flou. D’après ce que j’ai compris, elle
comptait sur lui pour renflouer son compte en banque. Ce qui nous
indique déjà que ce n’était pas dans son intérêt que Nyls
disparaisse.
-« Serait-il
possible qu’elle ait des problèmes financiers à cause de la
drogue ?
-« Je
ne sais pas, mais très honnêtement, ça m’étonnerait. On me l’a
décrite comme une belle fille athlétique, sûre de ses atouts. De
plus, Nyls était apparemment une personne qui prenait soin de sa
santé, qui aimait aider les autres et qui était très intelligent.
Tout ça mis ensemble ne donne pas quelqu’un qui paie la drogue de
la femme qu’il aime.
-« Une
personne amoureuse fait souvent des choses stupides, et ce quelque
soit son quotient intellectuel.
-« Vous
n’avez pas tort. Cependant, je pense que nous serions fixés si
nous la retrouvions…
-« Vous
avez un nom à me donner ?
-« Euh…
Kérine Grande-brune-et-assez-athlétique, ou Kérine
fille-vulgaire-qui-n’en-avait-que-pour-le-fric-de-Nyls… Désolée,
j’ai pas mieux… »
-« Mais
enfin Léonor, comment voulez-vous qu’on la retrouve avec ça ?
-« Je
sais déjà qu’elle est d’Atlantys. Allez, quoi… Doit pas y en
avoir cent mille des Kérine brune et athlétique…
-« Et
vous croyez que c’est marqué dans nos fichiers ?
-« Non,
mais je compte sur vous pour user de vos pouvoirs officiels pour me
trouver toutes les Kérine des salles de gym, des comptes en banque
régulièrement dans le rouge puis dans le très vert, et entre 18 et 40 ans.
-« Vous
n'avez pas plus grand comme fourchette ? »
Léonor
s'apprêtait à répondre quand Victorien Vasseur entra dans la pièce
en chantonnant, comme s'ils n'étaient pas là. Sans se vexer outre
mesure de ne pas avoir été saluée, la jeune femme repris :
-« Suzanne
Ebadi n'a malheureusement pas pu être plus précise. Elle ne l'a vue
qu'une fois, et de loin...
-« Oups
! »
C'était
Victorien qui avait parlé, en réaction à sa maladresse : il venait
de faire tomber l'écuelle, qui rencontra le sol avec fracas. Germain
lui indiquant de continuer, Léonor s'exécuta :
-« Et
puis ce serait dommage de passer à coté de notre témoin à cause
de préjugés... Qui nous dit que Nyls n'aimait pas les femmes mûres
?
-« Je
ne dis pas le contraire, c'est juste que... »
Il ne pu
terminer sa phrase, sa voix étant couverte par un bruit
assourdissant.
Lorsque
la jeune femme se retourna, elle vit l'aîné secouer comme un
forcené une boîte de croquettes, et appeler :
-« BIJOU
! BIJOU ! BIIIIIIJJJJOOUUUUUU !
-« Papa
! Tu vois pas qu'on discute ?
-« Mais
personne ne lui donne à manger à ce pauvre chat ! Faut bien que
quelqu'un s'y colle !
-« Mais
tu plaisantes ? Il est gras comme tout !
-« C'est
aussi ce que tu dis de moi à ta mère pour qu'elle m'empêche de
manger des gâteaux ? Alors que j'suis pas gros du tout! J'suis même
svelte, tiens. »
Germain
leva les yeux au ciel :
-« Très
bien, très bien. Juste, fais moi plaisir, continue dehors. Bref,
reprit-il en s'adressant à Léonor qui commençait à être blasée,
je vais m'en occuper. J'espère juste que vous n'êtes pas
pressée... »
Encore
une fois, le chef de la police ne put achever sa phrase, puisque Papi
Victorien en avait décidé autrement en venant s'asseoir à coté de
la jeune femme :
-« Dites,
vous qui êtes une femme, vous me trouvez gros ?
-« Pas
du tout. Vous êtes même très bien pour votre âge.
-« Tu
vois, petit insolent, lança-t-il à l'adresse de son fils. »
Puis, en
se rapprochant d'un centimètre de sa voisine :
-« Et
vous êtes mariée, belle demoiselle ? »
Germain
se leva alors, et dit :
-« Ok, on arrête là ! J'en
connais un qui est bien trop en forme pour avoir pris son traitement.
Allez viens Papa.
-« J'en
veux pas. Ils sont pas bons tes cachets.
-« Peut-être,
mais t'aimes pas les piqûres. Allez, ouste. »
De
mauvaise grâce, Victorien finit par se lever et suivre son fils.
Quand
elle fut seule, Léonor bascula la tête en arrière et poussa un
long soupir.
J'suis quand même pas aidée...
C'est là qu'elle aperçut deux portraits, qu'elle entrepris de regarder de plus près. Il s'agissait très certainement d'ancêtres de la famille Vasseur, et l'homme capta plus particulièrement son attention. Au retour de son hôte, elle lui posa la question suivante :
J'suis quand même pas aidée...
C'est là qu'elle aperçut deux portraits, qu'elle entrepris de regarder de plus près. Il s'agissait très certainement d'ancêtres de la famille Vasseur, et l'homme capta plus particulièrement son attention. Au retour de son hôte, elle lui posa la question suivante :
-« C'est
dut à la peinture la couleur des yeux de cet homme ?
-« Pas
du tout ! Cette couleur d'yeux particulière a toujours été dans
notre famille. Venez voir. »
Elle le
suivit donc à travers les couloirs exigus et les petites pièces de
la maison, qui était sans nul doute une des plus anciennes du
Quartier. Cela lui rappela ce qu'avait dit Prys : tous regardaient
dans leurs arbres généalogiques qui était le plus proche de la
famille d'Atlantys. Etant donné l'ancienneté de leur habitation, et
étant quasiment sûre que la famille Vasseur en avait été les
premiers occupants, ne pouvait-elle pas supposer que Germain avait son
mot à dire dans la course au titre ? Elle fut interrompue dans ses
pensées par son hôte qui venait de pousser une porte donnant sur
une chambre.
-« Mais
je ne vais pas rentrer dans...
-« Allons,
je sais que vous en mourrez d'envie... »
Devant
l'air outré de la jeune femme, il ajouta :
-« De
mettre votre nez partout voyons, pour qui me prenez-vous ? »
Il
arbora alors le sourire qui agaçait tant Léonor, qui leva les yeux
au ciel.
Pas de
doute, c'était bien le même regard.
-« Qui
est-ce ?
-« Pryssilia
Vasseur. C'est grâce à elle que je suis de ce monde.
-« C'est
donc à elle que je dois adresser mes plaintes ?
-« Allons...
Vous faites la dure comme ça, mais je sais que vous m'aimez bien. »
Léonor
ne put s'empêcher de sourire. Puis, elle fronça les sourcils :
-« Attendez
une minute... Elle avait un nom de jeune fille, ou...
-« Oui.
Elle s'appellait Pryssilia d'Atlantys. »
Une
lueur éclaira les yeux de la jeune femme :
-« Dites
moi une chose : seriez-vous susceptible de gouverner Atlantys une
fois Irène décédée ? »
De
nouveau, le chef de la police ne pu réprimer son rire franc :
-« Nan
mais voilà que vous me soupçonnez maintenant ! Vous n'avez donc
plus personne à vous mettre sous la dent ?
-« Répondez
à la question.
-« En
théorie, oui. Mais une chose est sûre, c'est qu' il faudrait
d'abord qu'Alexy d'Atlantys refuse le trône. Ce qui, soit dit en
passant, ne serait pas impossible...
-« Attendez
une minute... Qui ?
-« Alexy
d'Atlantys.
-« Mais
d'où sort-il celui-là ?
-« Bah,
de la branche fille d'Atlantys. »
La jeune
femme attrapa alors le papier dans sa poche, celui que lui avait
donné Irène d'Atlantys. 3 noms y figuraient, dont « Atlantys ».
C'était donc ça...
Percevant
le brasier dans les yeux de son interlocutrice, le policier tempéra
:
-« Vous
n'entendez donc que ce qui vous arrange...
-« Pourquoi
?
-« Je
viens de vous dire qu'il refuserait certainement.
-« J'aimerais
vérifier par moi-même, si ça ne vous ennuie pas.
-« Eh
bien si, figurez-vous. Allez, soupçonnez-moi, je préfère. Vous
allez encore me créer des problèmes, à vouloir arrêter tout le
monde.
-« Il
faut bien que quelqu'un fasse votre boulot. Donnez moi son adresse. »
Devant
sa mauvaise volonté, la jeune femme du insister :
-« Germain,
je vais bien finir par le trouver, donc faites-moi gagner du temps.
-« Quand
vous sortez de la maison, c'est la première à droite. C'est le
domaine des Rivières.
-« Merci. »
Elle
tourna alors les talons, puis se ravisa :
-« Vous
savez où je peux trouver un téléphone portable pas trop loin ? »
Cela lui
avait trotté dans la tête toute la matinée. Non seulement elle
tenait absolument à rentrer pour déjeuner, mais elle voulait
montrer à Ryan qu'elle avait bien entendu ce qu'il lui avait dit,
contrairement à ce que certains disaient :
-« Alors
ne crois pas que je t'achète hein, c'est juste que depuis que Louis
a pris son bain avec ton téléphone, eh bien je ne pouvais plus te
joindre pour te prévenir... »
Ryan
ouvrit la bouche, mais elle ne le laissa pas continuer :
-« Attends,
attends... Je... Ce n'est pas pour systématiser mes retards, mais
c'est pour qu'on puisse mieux s'organiser. Comme ça, si tu as besoin
que je rentre plus tôt, eh ben tu me le dis. Et je te promets de
revenir aussi sec. Et je te promets aussi de laisser le travail sur le
perron quand je finis tard. Ah oui, et puis... Pardon pour hier... C'était idiot... »
Lorsqu'elle
se tut, Ryan resta silencieux, les yeux rivés sur le paquet. Plus
elle attendait sa réaction, plus elle appréhendait, plus les doutes
se bousculaient dans sa tête, lui soufflant des mots comme « fin »,
« rupture », « trop », « tard »,
...
Et puis
il poussa un soupir. Un très long soupir. Avant de poser le paquet
sur la table basse.
Se
redressant, il tendit une main, la fit glisser derrière le dos de sa
femme, sur lequel il appliqua une force douce visant à la rapprocher
de lui. Se sentant attirée et non plus repoussée par l'aura
agressive qu'il avait dernièrement dégagée, Léonor hésitait
entre les rires et les pleurs de soulagement.
Elle se
jeta alors à son cou et le serra comme si elle allait tomber. Ryan
resserra lui aussi son étreinte, et lui susurra des mots apaisant et finit par :
-« Je t'aime Léo. N'en doute jamais. Même si on se dispute. Ca ne change en rien ce que j'éprouve pour toi. »
-« Je t'aime Léo. N'en doute jamais. Même si on se dispute. Ca ne change en rien ce que j'éprouve pour toi. »
Après
que Ryan eut ouvert son paquet et qu’ils eurent déjeuné, Léonor
repris la voiture et traversa une nouvelle fois le pont, en direction
du Domaine des Rivières cette fois. Comme toutes les bâtisses de la
Rive Droite, celle-ci ne dérogeait pas à la règle : imposante
avec un cadre agréable.
Ce fut
une femme d’une quarantaine d’années qui vînt à sa rencontre :
-« Bonjour
Madame, je m’appelle Léonor Angès et …
-« Je
sais qui vous êtes, coupa-t-elle sèchement. Et je n’ai rien à
vous dire.
-« En
fait, c’est à M. Alexy d’Atlantys que je souhaiterais parler…
-« Mon
mari n’est pas là. Mais je vous le répète, nous n’avons rien à
vous dire. Nous n’avons pas besoin de fouineurs comme vous.
Comme si le décès de Nyls n’était pas assez douloureux… »
Elle
avait dit ces derniers mots en plantant Léonor sur place pour
rentrer chez elle. Ne se laissant pas démonter, la jeune femme la
suivit.
-« J’ai
du mal à comprendre votre refus, Mme d’Atlantys, dit-elle en se
faufilant à travers la porte qui n’avait pas eu le temps d'être refermée.
-« Mas
enfin…
-« N’est-ce
pas dans l’intérêt de tout le monde de comprendre ce qu’il
s’est exactement passé ? Coupa Léonor à son tour.
-« En
nous traitant comme des criminels ? Sûrement pas !
-« Il
ne tient qu’à vous de le prendre de la sorte. Tout ce qui
m’intéresse, c’est de comprendre dans quel contexte Nyls
d’Atlantys a trouvé la mort. Et pour cela, j’ai besoin de
comprendre la mécanique de ce quartier.
-« Et
moi je vous dis que je ne veux pas répondre à vos questions !
-« Ca
tombe bien puisque c’est à votre mari que je désire parler…
-« CA
SUFFIT ! Sortez maintenant !
-« Eh
bien, eh bien, que se passe-t-il ici, demanda une femme qui venait
d’apparaître, sûrement alertée par le raffut.
Lorsque
Léonor se retourna, elle eut un choc. En effet, la personne qui
venait d’apparaître n’était autre que Kimy Reynols, l’idole de
Ryan. Sous l’effet de la surprise, sa désagréable interlocutrice
lui coupa l’herbe sous le pied :
-« Cette
personne est venue chercher des informations morbides sur le décès
de Nyls. Les gens aujourd’hui ne respectent plus rien, demain vous
allez voir, elle va revenir faire nos poubelles ! »
Ignorant
complètement ces dernières paroles, Léonor se tourna vers la
nouvelle venue et se présenta :
-« Bonjour
Madame, je m’appelle Léonor Angès et Irène d’Atlantys m’a
engagée pour découvrir les circonstances du décès de son
petit-fils. Je suis consciente de la peine…
-« Ne
vous inquiétez pas jeune fille, vous faites votre travail, ni plus
ni moins, répondit-elle avec un regard doux. Karine, je vous sens
fatiguée, pourquoi n’allez vous pas vous reposer ? »
A ces
mots, la Karine en question poussa un soupir rageur, bien que
contenu, et dit, une fois à la hauteur de Léonor :
-« Vous
ne perdez rien pour attendre…
-« Plaît-il ?
Demanda la jeune femme d’un air innocent. Puis, s’adressant
à Kimy : Pardonnez-moi, mais je ne m’attendais pas du tout à
tomber sur vous !
-« J’ai
gardé mon nom de jeune fille pour ma carrière. C’était plus
simple vu que je suis dans la compétition depuis mes 9 ans. Enfin…
J’étais, rajouta-t-elle avec un petit rire. »
Léonor
avait l’impression d’avoir 14 ans à nouveau, tant elle était excitée :
Oh
la la, quand Ryan va savoir ça !!
-« Alors
vous voulez en savoir plus sur Nyls c’est bien cela ?
-« Oui.
-« Eh
bien suivez-moi, nous n’allons pas rester debout. »
Kimy
l’emmena dans une pièce richement décorée et dont les murs
arboraient de nombreux portraits. Léonor nota une différence dans
leur agencement par rapport au Domaine d’Atlantys. Ici, ils étaient
présentés par couple et cela traduisait un état d’esprit
beaucoup moins archaïque, étant donné le fait que les femmes
étaient autant mises en valeur que les hommes. Une fois qu’elle
furent toutes deux installées, Léonor commença :
-« Vous
êtes donc mariée à un membre de la famille d’Atlantys ?
-«
Oui, Charly.
-« Et
qui était Nyls pour vous ?
-« On
porte le même nom, mais notre lien de parenté remonte à très
longtemps. Nous ne nous fréquentions pas beaucoup, pour plusieurs
raisons : la première est que les deux familles d’Atlantys ne
se considèrent plus comme de la même famille depuis des
générations, tant le lien les unissant est éloigné. Ensuite, nos
deux familles ont une approche de la vie assez différente, sûrement
du au fait que nous n’avons pas les mêmes responsabilités.
Et puis en raison de ce que Nyls a vécu, il a passé son adolescence
replié sur lui-même. On ne le voyait pas beaucoup.
-« Alors
avant de continuer, je veux vous assurer que j’ai énormément de
respect pour vous, mais que je suis obligée de poser la question…
Est-ce que vous seriez susceptible, vous ou quelqu’un de votre
famille, d’accéder à la régence du Quartier ? »
Kimy ne
répondit pas. A la place, elle fixait la jeune femme, comme si elle
réfléchissait à quelque chose…
Allez
Kimy, répondez… Ne me laissez pas vous soupçonner…
-« Je
sais ! S’exclama la vieille dame, dont le ton fit faire
un bon de 10 cm à Léonor sur son fauteuil. Angès ! Comme Ryan
Angès ?
-« Oui…
Répondit la jeune femme, stupéfaite devant ce changement de sujet.
-« Depuis
tout à l’heure votre nom me disait quelque chose, mais impossible de mettre un visage dessus… Ryan Angès ! Qu’est-il devenu ?
Il s’était blessé non ? Ça va mieux ?
-« Eh
bien… Euh… Oui, ça va mieux…
-« Ah !
Mais il joue dans quelle équipe ?
-« Aucune.
-« Ah
bon ? Mais comment ça se fait ?
-« Je
euh…
-« Nan
attendez, vous savez quoi ? Venez dîner tous les deux demain
soir à la maison. Il faut absolument que je le rencontre. Un jeune
homme avec un tel talent ! »
-« Mais…
-« Pas
de mais ! Ca me fait vraiment plaisir, et en plus ça me fera
une occasion de mettre une robe qu’on m’a fait payer une fortune
pour une seule cérémonie. A moins que vous n'ayez déjà quelque
chose de prévu ?
-« Non…
-« Tant
mieux.
-« Eh
bien merci… »
Léonor
fit alors le plus beau sourire qu’elle pouvait faire, étant donné
les circonstances.
Petit
1 : elle vient de me faire une jolie pirouette, et petit 2 :
merci de nous inviter pour 2h de remuage de couteau dans la plaie, au
bas mot. Je déteste les soi-disant cadeaux de mes suspects
potentiels. Une omelette, un dîner, … Avec quoi on va essayer de
m’acheter la prochaine fois ? Enfin... J’espère au moins
avoir l’air ravie…
Kimy se
leva et tendit une main qui se voulait certainement amicale, mais qui
fut perçue tout autrement par l’enquêtrice.
En se levant à son tour, un détail dans le tableau sur sa gauche attira son attention. Après avoir lâché la main de son hôte, elle se tourna vers la peinture :
En se levant à son tour, un détail dans le tableau sur sa gauche attira son attention. Après avoir lâché la main de son hôte, elle se tourna vers la peinture :
-« Quel
est le lien entre Pryssilia d’Atlantys et cette femme ?
-« La
peinture représente Léopoldine des Rivières, qui s’est mariée à
un des fils d’Eve d’Atlantys, de qui elle a eu deux enfants, dont
Pryssilia. »
C'est sa mère quoi...
C'est sa mère quoi...
Léonor
poussa un petit soupir : tous ces noms commençaient à se
mélanger dans sa tête.
-« Y’a-t-il
un endroit où je puisse consulter la généalogie du Quartier ?
-« C’est
la famille Plaines qui détient tous les livres. Malheureusement, je
ne crois pas qu’ils soient consultables… »
Ben
voyons…
-« Pourquoi ?
-« Ca,
il faudra le demander à Romin des Plaines… »
Léonor
avait pris congé suite à cet échange, et l’attitude de son hôte
l’avait rendue encore plus perplexe. En effet, Kimy, en lui serrant
de nouveau la main sur le perron, avait posé sa main libre
par-dessus celle de la jeune femme, et ce de manière très
chaleureuse. Cela la rendait horriblement sympathique. Elle se
retrouvait donc vendredi soir devant un terrible dilemme : d’un
coté, il y avait Ryan, qu’elle imaginait des étoiles pleins les
yeux devant son idole, et la possibilité de développer une certaine
complicité qui pourrait bien s’avérer utile. Mais, de l’autre
coté, il y avait aussi Ryan qui devrait revenir sur une histoire qui
lui avait fait beaucoup de mal et dont il ne s’était toujours pas
sorti, et le risque de se voir faire manipuler par Kimy sans s’en
rendre compte. On pouvait aussi avoir un Ryan heureux avec une Kimy manipulatrice, ou un Ryan malheureux et une Kimy utile. Sa tête était sur le point d’exploser quand
quelqu’un sonna à la porte. Léonor regarda l’heure du lecteur
DVD : 22h39.
Mais
qui peut bien sonner à une heure pareille ?
Nan
mais c’est pas possible…
Visiblement,
Papi Victorien avait de sérieux soucis avec son traitement.
Commentaires
Je suis un peu comme Léonor, les noms commencent à se mélanger... Tu parles d'une grande famille ! Pleine d'anguilles en plus ! Non parce que la Kimy, dans le genre je-me-défile-au-moment-où-il-faut-pas, c'est une chef !
Je penche de plus en plus pour la thèse du complot, impliquant E. Plènozas, G. Vasseur et... L'autre branche des D'Atlantys ! J'accuse ! Mais je vais d'abord lire la suite ! ;)