14. Diversion (2)











- " Oui ?
- " ...
- " Attends quoi...? Calme-toi Julie je comprends rien.
- " ...
- " J'te rappelle."

Jane bondit de son lit et ouvre la porte de sa chambre avec fracas avant de s'engouffrer dans le couloir.


- " DJALIL !  JULIO ! Appelez Ricardo et Rufus et rejoignez-moi sur le toit !"




- " Ricardo, t'es en place ? "


- " Si. Nada a señalar."


- " Rufus t'es là ? "


- " En position bébé. Tout va bien ici.
- " Bien reçu. On y est les gars. On y est."




***





- " T'es sûre que tu ne veux pas que je te remplace ? Ça fait des heures que t'y es.
- " Nan c'est bon. Je ne pourrai pas dormir de toute façon... Le labo est fermé le week end, non ?
- " Oui. Pourquoi ? 
- " Parce-qu'on va devoir avancer l'opération. On a besoin d'une bonne grosse diversion.
- " Il est fermé mais certains y vont quand même. Des vétérans. Lazlo Lalouche aussi.
- " Eh ben ce sera encore mieux.
- " Mais je croyais que...
- " Je sais ce qu'on a dit. Mais on n'en est plus là. Quitte à perdre, autant le faire avec panache. Je veux leur faire mal une toute dernière fois. "





***



















***








Il est toujours vivant.
Il est toujours là.
Personne n'est venu défoncer sa porte pour l'emmener dans une base secrète et le torturer pour lui soutirer des informations.
C'est inattendu. Mais peut-être qu'il faut juste être patient...

Mal à l'aise sur le canapé trop petit, il se lève péniblement. 


Il frissonne. Il a beaucoup transpiré la veille et son T-Shirt est encore humide par endroits.
Il soupire. 
Si sa mémoire est bonne il a quelques affaires dans un tiroir. Vaseux, il met quelques minutes à décider à aller se doucher. Sur le chemin, un nouveau frisson le parcourt.


Mais celui-là vient de l'intérieur, cette fois.




Tout est très étrange ce matin. Il a l'impression d'être comme dans du coton, hors du temps. Hors de la vie. Même son sandwich n'a pas de saveur.
Après deux bouchées il le repose, apathique. 
Il regrette, quelque part, qu'ils ne soient pas venus le chercher. Il aimerait que ça se termine, en fait.
L'esprit vide, il se passe encore de longues minutes avant qu'il ne se pose la question de ce qu'il doit faire. Il lui paraît clair, finalement, qu'il va y avoir une période de surveillance. Ils auraient pu enlever Corey, s'ils l'avaient voulu. Mais ils avaient préféré une méthode plus discrète. Il y a de fortes chances pour qu'ils ne sachent pas que Kay a parlé ; que lui-même se sait en sursis. Il faut donc qu'il donne le change. Qu'il mène une vie, pour qu'ils aient quelque chose à observer, qu'ils soient concentrés sur lui plutôt que sur Silvia ou Julie.
Il pouffe, désabusé. Non seulement la guerre des nerfs n'est pas terminée, mais en plus elle vient de s'intensifier.
Soit. Après tout ce ne sera que la troisième ou quatrième fois qu'il se fabrique une vie, il commence à avoir l'habitude.












***









- " Entre !"


- " Hey Salut mon Frère ! 
- " Salut mon Frère ! "


- " Hey j'vois que tu as eu de la visite !
- " Et encore, t'as pas vu tout ce que j'ai mangé !"


- " Mais oui, tu as repris des joues ! Je trouve que tu as bonne mine !
- " Haha merci ! Mais c'est pas à cause de la bouffe ! Enfin... Pas que...
- " Ah ouais ? Raconte !
- " ELLE EST REVENUE !
- " Qui ?
- " LA fille.
- " Oh arrête ! 
- " Hé ouais ! Tu vois mec, ne jamais perdre espoir. Tu vas voir, ça va s'arranger pour toi aussi.
- " L'espoir fait vivre, uh ?
- " La preuve !"


- " Tu vois, quand j'étais au plus mal, j'ai pensé à elle. J'étais curieux de savoir quelle serait sa réaction si je m'en sortais, si ça lui ferait réaliser qu'elle tient à moi... EH BEN OUI ! Et BIM ! Haha. On a rattrapé le temps perdu je te raconte pas.
- " Nan c'est pas la peine. Eh ben écoute tant mieux ! Je suis content pour toi. Mais euh... T'as pas peur que ça retombe ton histoire ? Elle t'a déjà fait le coup, nan ?"


- " Tu veux me porter la poisse ? 
- " Mais nan ! Bien sûr que non ! Mais bon... Elle a pas l'air bien sûre de ce qu'elle veut ta meuf.
- " Oui mais là c'est pas pareil.
- " Ouais ouais bah écoute... Fais-toi confiance hein... Je sais qu'elle est spéciale, hein... Mais... Bon. Je me souviens comment je t'ai récupéré la dernière fois. Ça me ferait chier qu'elle te refasse le même coup.
- " T'inquiète pas, ça va aller.
- " Mais vous avez parlé de ça ? De la dernière fois ?
- " Euh... nan, pas trop. Mais attends elle était toute en larmes, là, et puis elle s'est mise à m'embrasser, à me dire qu'elle m'aimait... J'allais pas la renvoyer dans ses buts...
- " Moi je l'aurais fait.
- " Ouais mais toi t'as pas de cœur ! 
- " Si ! Mais j'ai un cerveau aussi ! 
- " Haha c'est moche. Bon allez. Viens me payer à bouffer pour te faire pardonner de me gâcher ma joie.
- " Oh pardon mec... C'était pas mon intention... Mais juste... Bon laisse-tomber. Allez viens Bro, on va voir ce qu'on peut trouver pour te remplumer. Je crois qu'il y a des barres aux oléagineux en bas. C'est bon pour ta petite cervelle.
- " Bâtard !"




***






- " Juliana on en a parlé la semaine dernière de cette méthode. Tu n'as pas déjà oublié ?
- " Bah on dirait bien...
- " Tu exagères...
- " Maman j'arrive pas l'exercice 3b."


- " Téo c'est normal si tu as sauté le a. Je t'ai déjà dit qu'il fallait faire les exercices dans l'ordre.
- " Roooooooo... Mais j'aime pas faire ça. C'est ennuyeux.
- " Je sais bien mais c'est comme ça.
- " Mais c'est trop facile !
- " Eh ben ce sera rapide ! Allez arrête de râler et fais-le... Juliana... Ce n'est pas la bonne formule.
- " Ah bon ? Ah oui !
- " Dis Maman elle va être réparée quand notre maison ? Et l'école ? 
- " Je ne sais pas encore mon chéri.
- " Et Tata Luna elle va rester longtemps ? Sa maison aussi elle a un problème électrique ? "

Julie voit sa fille hausser les sourcils et plisser exagérément le front, manifestation silencieuse de son agacement. Leurs regards se croisent furtivement, trop brièvement pour qu'elle puisse lui signifier qu'elle la remercie de jouer le jeu.

- " Hein ? Maman ? 
- " Non, Tata Luna est là pour m'aider. J'ai besoin de quelqu'un pour vous garder quand j'ai des rendez-vous.
- " Mais pourquoi Papa il vient pas nous garder au lieu de faire des travaux ? Il a qu'à payer des gens et puis voilà. Il est jamais là. Il a toujours quelque chose à faire. 
- " ... Je sais chéri. Je sais.
- " Et la photo ? T'arrête pas d'oublier ! 
- " Oui, "tu exagères", Maman" , ajoute la grande. 

Juliana lui adresse alors un coup d’œil hautain avant de dandiner rapidement de la tête. Julie la réprimande d'un regard en coin et répond à Téo : 

- " Oui, je sais. C'est juste qu'en ce moment beaucoup de choses se bousculent et qu'on ne fait pas tout ce que l'on voudrait faire. Là, la situation est un peu compliquée. On aura une conversation ensemble quand ça se sera calmé. Promis.
- " Mouais... 
- " Allez allez... Concentrez-vous s'il vous plaît."


Julie a un mal fou à se contenir. Jamais une journée ne lui aura parue si longue. Si elle sait par Jane que personne ne s'est encore manifesté, elle n'a qu'une envie, depuis que Daniel est parti, c'est d'être avec lui. Savoir comment il va, le soutenir. Le prendre dans ses bras. Elle a l'impression que toute la tendresse qu'elle lui a refusé toutes ses années lui explose en pleine figue et exige de lui être apportée. Elle ne se reconnait plus dans ce qu'elle ressent. À cette pensée, elle réalise qu'en réalité c'est son traumatisme qui fait une percée dans sa vie et qui la domine. Elle avait sciemment interrompu le processus du deuil en maintenant l'aiguille sur la colère. Une colère froide, calculatrice. Or les derniers événements avaient brisé le thermomètre et elle ne savait plus où elle en était. Elle, si posée d'ordinaire, se sentait trembler de l'intérieur. Trembler si violemment qu'elle pourrait sortir de ses gonds et tout plaquer pour rejoindre Daniel. Pour stopper sa descente aux enfers. Pour le garder en vie. L'idée de le perdre lui aussi lui donne littéralement des envies de meurtre.

- " Mamaaaaaaannnnn... Ouhou... "

Elle jette une regard absent à Téo avant de lever le nez vers l'horloge qu'elle soupçonne d'être en panne. Vivement que Luna revienne. Vivement la nuit.





***









Le souffle coupé, Silvia sent les fourmillements au bout de ses doigts qui remontent  à vitesse grand V le long de ses bras.
Elle fait le vide.
Elle lutte.
Elle doit garder le contrôle.
Mais la violence du choc qui lui est promise par le genou lancé vers son visage lui fait douter de ses capacités à y parvenir.



Prise en tenaille entre son envie de gagner et la peur d'avoir une absence, elle tente de se dégager pour gagner du temps et réfléchir à ses options. 


Mais elle est épuisée.
Alors elle hurle son abandon. Et le genou stoppe sa course.


Pourtant la prise sur sa tête ne faiblit pas.

- " Lâche-moi, halète-t-elle. Tu as gagné. Lâche-moi."


- " T'as oublié de prendre tes cachets aujourd'hui ?
- " Hein, de quoi tu parles ?
- " Je parle de ce que tu prends d'habitude. Tu sais, ce qui t'as fait envoyer au sol un mec 2 fois plus lourd que moi contre le mur le mois dernier.
- " ...
- " Ou tu te couches ? Tu trafiques les paris ?"

 
- " Non. Je suis fatiguée. C'est tout. Lâche-moi maintenant.
- " Ou quoi ? Tu vas aussi me péter 3 côtes et me perforer le foie ?
- " ...
- " Vu le paquet de fric que tu as fait perdre ce soir, je te conseille de te casser et de ne plus jamais revenir. On ne veut pas de toi ici. Dégage maintenant."

Il appuie ses propos en balançant sa tête avec sa main droite si bien qu'elle s'effondre sur le côté, se rattrapant maladroitement avec son coude. Étourdie, un haut-le-cœur lui vrille l'estomac. Elle a pris cher ce soir.



Nauséeuse, le corps endolori, elle a peur de ne pas atteindre le point de rendez-vous. Du moins pas en pleine conscience. Les picotements reprennent de plus belle, elle se concentre au maximum pour enrayer la crise. Ses oreilles se mettent à siffler, sa vue se trouble puis s'opacifie. Sourde, aveugle, désorientée, elle lutte avec le peu de forces qui lui reste pour contenir la chose qui est en elle.


Je sais qui je suis. 


Je suis toujours là. 


J'ai ma place.


Il fait noir autour d'elle. Le monde extérieur a disparu, reste juste le néant et des sanglots.
Les siens.
Elle s'entend pleurer.


Je veux vivre.








Je veux vivre...



***






Une heure. Silvia a une heure de retard. Pas d'appel, pas de message, pas de mot... 
Elle s'est plusieurs fois demandée combien de temps elle allait attendre sans parvenir à se décider. Elle resterait là toute la nuit, si cela ne tenait qu'à elle, juste pour le cas où. Mais enchaîner deux nuits blanches ne serait pas raisonnable étant donné le fait qu'elle doive s'occuper des enfants le lendemain.
Des enfants qu'elle considère chaque jour un peu plus comme un fil à la patte. Cela fait des années qu'elle lutte contre ce sentiment. Mais ce soir, assise seule sur son banc, elle craque. Pliée en deux, en pleurs, la fatigue, le stress, le désarroi sont finalement venus à bout de sa carapace.
Cela fait plus de dix ans maintenant qu'elle a décidé, contre l'avis de tous, d'obtenir vengeance, si ce n'est réparation.
À la mort de Mario, quelque chose s'était brisé en elle : le sentiment de complétude. Cette satisfaction intense de vivre la vie que l'on a toujours souhaité mener. Tout cela était mort avec son premier grand amour. Elle se rend compte qu'à partir de ce moment-là elle n'avait traité les autres que comme des pions à placer, jusque sa propre fille qui lui a davantage servi d'alibi qu'autre chose.
Dix ans étaient passés, durant lesquels elle avait imbriqué chaque élément à sa convenance, dont le résultat final s'avérait tout à fait illisible.

Quand elle était arrivée à Oasis Springs, sa première tentative d'approche de La CLOES avait été un échec. Néanmoins, elle s'était faite remarquée par quelqu'un qui avait été particulièrement touché par le décès de Mario. Quelqu'un qui lui avait glissé dans sa boîte aux lettres un livre que son mari avait laissé à l'O'Mé, accompagné d'un mot : 


Ça n'apaisera pas votre douleur, mais sachez qu'il était très apprécié et qu'il nous a énormément aidé. On ne l'oubliera pas. 
Il reste un sac avec quelques affaires à lui. Je peux vous les déposer devant votre porte. Vous n'avez qu'à remonter le fanion ce soir. 
J'espère que vous trouverez la paix.


Ce livre, c'était un des préférés de Mario. Un recueil de poème qui lui redonnait espoir quand ce-dernier avait tendance à trop s'éloigner.







Elle avait relevé le fanion, bien évidemment, et intercepté le livreur lors de son passage. Elle se souvient avoir ressenti des frissons lorsque leurs regards se sont croisés. Sans qu'elle ne sache l'expliquer, elle a tout de suite su qu'ils se comprenaient. Sans rien connaître de son histoire, elle avait su instantanément qu'il avait aussi beaucoup perdu. Cette douleur, cette compassion, cette bienveillance dans son regard... Elle frissonne de nouveau. Comme si c'était hier. C'était le plus déplacé des coups de foudre, mais s'en était un. Elle lui avait demandé s'il pouvait lui accorder un peu de temps, pour parler de Mario, et il n'avait pas osé refuser.
Quand elle avait fait l'inventaire du contenu de sac, Julie s'était rendue compte qu'il aurait pu mettre d'autres objets dans sa boîte aux lettres, mais il ne s'était pas trompé. Il avait choisi un recueil d'amour que son mari portait littéralement en lui puisqu'il en connaissait une bonne partie par cœur. Elle n'en n'avait pas conscience à l'époque, mais ce choix avait catalysé leur rapprochement.


Ils avaient beaucoup parlé de Mario, au début.


Il y avait tant à dire. Tant à regretter. Tant à se souvenir.


Et puis les sujets avaient légèrement variés, les amenant à se connaître davantage. Elle avait remarqué qu'il y avait des lieux qu'il n'aimait pas fréquenter. Qui le rendaient silencieux.



Il évitait toujours la jetée et prenait poliment congé à chaque fois qu'ils s'en approchaient. Elle avait pris le parti de s'en désintéresser également quand elle avait compris qu'il y revivait une peine de cœur. 

Ils se voyaient régulièrement et cela lui donnait l'impression de gagner du terrain. Elle se disait que le moment arriverait où il se confierait davantage sur La CLOES. Jouer la veuve fragile touchait la corde sensible de Daniel et elle comptait bien le faire jusqu'à ce qu'il ne puisse plus lui refuser d'intercéder en sa faveur.



Et puis le destin avait bouleversé ses plans.




À cette époque-là, Luna, cousine de Mario et militaire également, était encore chez elle. Proches depuis leur plus tendre enfance, elles se soutenaient l'une l'autre dans cette épreuve et cherchaient des réponses ensemble. Elles avaient une routine bien rodée et la présence de Luna permettait à Julie de pouvoir s'absenter de la maison.
Mais précautions n'est pas attention et elles ne s'étaient pas rendues compte que Juliana était au plus mal. À tel point que cette dernière avait fugué.

Elle avait immédiatement pris congé et laissé Daniel avec assez d'indices, malgré elle, pour qu'il comprenne de quoi il était question. Quand elle et Luna pirataient les caméras de la ville pour retrouver sa fille, Daniel faisait de même avec son pirate. 



Tous les quatre s'étaient alors aperçu avec horreur qu'elle avait suivi une petite fille dans une voiture. Voiture qu'ils ont eu du mal à retrouver dans les rocheuses mais que leurs talents respectifs de pisteurs leur avaient finalement permis, séparément, de rejoindre. Ni Julie ni Daniel ne pensait tomber l'un sur l'autre. Sans chercher plus d'explication sur le moment, ils se sont introduits, tous les trois armés, dans le baraquement où ils espéraient trouver Juliana.

Tout s'était ensuite passé très vite. 




La petite fille qui avait entraîné Juliana était là, aussi. Mais elle avait fui dès qu'elle avait vu que la voie était libre. Orpheline et à la rue, la jeune fille de 12 ans avait passé un arrangement avec le kidnappeur qui s'avérait être un simple d'esprit, lui-même manipulé pendant des années par un autre homme qui avait disparu du jour au lendemain.



Après qu'il leur eut expliqué la raison des traînées dans le sables qui menaient à l'étang, ils avaient décidé d'un commun accord de nettoyer toute trace de leur passage et de prévenir les autorités de manière anonyme. 

Cet événement avait fini de les souder, Daniel et elle. Le lendemain soir, il s'était présenté spontanément à son domicile, curieux de savoir comment une "simple" femme au foyer pouvait maîtriser le piratage et le maniement d'armes.



Elle s'était dit qu'il était temps.
Ils avaient parlé...


... ils avaient écouté.


Elle avait même eu accès au journal du père de Daniel. Daniel qui avait regretté par la suite, car les informations qu'il contenait lui avait donné un coup de fouet.



Suite à l'incident avec Juliana, Julie s'était calmée. Elle passait plus de temps à la maison et voyait moins Daniel. Mais en lisant le contenu du journal, cela lui avait rappelé pourquoi elle était là. Ils avaient tout tenté pour la dissuader. Luna, si prompte à lui obéir d'habitude était bruyamment sortie de sa réserve.


Mais la machine était relancée.






Mais l'obsession n'est pas raisonnable.






Elle y était arrivée, finalement. Même si personne n'en doutait, elle avait passé le rite de passage. 
À cette époque, elle se faisait discrète. Elle n'avait raconté à personne sa formation, se contentant d'aider à la réflexion, de faire diversion quand ils avaient besoin. 
Elle avait également assisté à la lente chute aux enfers de Daniel, l'avait vu se faire détruire à petit feu par les actes qui lui étaient demandés, se faire dévorer par la perversion des sœurs O'Méara. Et puis Sharon avait mis Julie en danger en ne lui donnant pas toutes les informations lors d'une expédition, ce que Daniel n'avait pas supporté et avait signifié à sa petite-amie qu'il ne voulait plus rien avoir à faire avec elle.

Mais Julie ne l'entendait pas de cette oreille.
Ils avaient tous deux besoin de Sharon.



Alors elle avait tout fait pour le jeter à nouveau dans ses bras... 



... et étouffer le sentiment amoureux qui les liait malgré eux. Elle avait été très dure dans ses propos. Mais il était évident pour elle que leur survie en dépendait.




Il avait fini par l'écouter, finalement.




Mais il y avait eu l'épisode avec Silvia, sa grossesse et sa maladie, et Sharon avait cru qu'ils avaient une liaison. Pour le retenir, elle l'avait piégé et lui avait fait un enfant dans le dos, ce qui avait eu l'effet inverse de celui escompté. Rongée par la jalousie et pour se venger de lui elle avait décidé de s'en prendre une fois pour toute à Julie. Mais Max Villareal n'en n'avait qu'après Daniel et avait proposé un échange, que ce-dernier avait accepté. Toute l'attention étant accordée à Daniel, ils ne se s'étaient pas méfiés de celle qu'il ne prenaient que pour une veuve éplorée.







Pour sa propre survie, Daniel avait dû tuer des personnes qu'il côtoyait depuis des années et avec qui il avait tissé des liens. Sa solitude avait pris une autre ampleur suite à cela.

Profondément émue également par tout ce qu'il venait de se passer, Julie s'était agenouillée devant lui pour le prendre dans ses bras. Le peau à peau avait eu raison d'elle. Elle avait fait glisser délicatement son front du creux du cou de Daniel vers sa tempe, guettant sa réaction. Puis elle avait mis l'arrête de son nez au contact de la sienne avant d'aller doucement chercher sa bouche.


Quand il avait enfin répondu, une sorte de transe s'était emparée d'eux et l'étreinte était devenue sexuelle alors même qu'ils étaient entourés de cadavres et baignaient dans le sang.



Son dos s'en était longtemps souvenu.

Suite à cela, néanmoins, une période bénie avait suivi où chacun avait réussi à trouver sa place et s'impliquait dans la vie de la maison.















Elle savait qu'ils pouvaient être heureux ensemble. Ils l'avaient vécu. C'était cela qu'elle voulait retrouver, ces moments qui avaient précédé la gifle.

À cette pensée, elle se maudit, comme à chaque fois qu'elle y pense. La seule tendresse qu'elle supportait alors était celle qui était à sa demande et à l'abri des regards. Quelle sombre idiote elle avait été. Et était encore, elle s'en rendait bien compte, cette fois. Mais que faire ? Lui tourner le dos et le laisser se débrouiller tout seul ?
Elle se prend la tête entre les mains. C'est le choix raisonnable. Il ne sert à rien que tous soient en danger. Pourtant, elle n'arrive pas à s'y résoudre... C'était bien la peine de répéter dix ans durant que les sentiments compliquaient tout ! Quelle guignole elle faisait...

Elle renifle. Toujours pas de nouvelles de Silvia. Elle se redresse et s'adosse contre le banc, luttant contre son nez qui coule et le vent qui lui pique les yeux, incapable d'esquisser le moindre mouvement pour partir.
Le regard dans le vide, absente, elle sent son portable vibrer. Il s'agit d'un SMS parfaitement inattendu : 


7 rue Colson, Strangerville. Dès que tu peux. Urgent. LCDLOO

Don Lothario. C'était bien le dernier qu'elle pensait voir ce soir. Elle fronce les sourcils et tente d'évaluer le risque en se rendant au rendez-vous. Don n'ayant jamais trahi sa confiance toutes ces années, elle décide donc de lui faire confiance.

Bien reçu. LCJGUI

Julie regarde sur son téléphone où se trouve cette rue et calcule la symétrie par rapport à l'axe principal. Comme il n'y avait pas d'autres indications, le point réel de rendez-vous était assez simple à trouver. Elle renifle une dernière fois et se lève à contre-cœur.

Silvia... Où es-tu...Encore ?



***





Après s'être bien assurée qu'elle n'allait pas tomber dans un piège, Julie se rend au lieu du rendez-vous. Elle doit attendre encore 10 bonnes minutes avant que Don ne se montre.


- " Je suis content que tu ais pu venir rapidement. Je ne savais pas quoi faire.
- " Que s'est-il passé ?
- " Silvia a été trouvée inconsciente derrière le bar.
- " Comment ?!
- " Ne t'inquiète pas, elle est avec des gens de confiance. Honnêtement, elle n'aurait pas pu trouver mieux."


- " Comment elle va ? Elle... Elle euh...
- " Elle a allure humaine, oui. Elle est juste inconsciente depuis plusieurs heures. On dirait qu'elle dort.
- " Tu en penses quoi ? 
- " Je ne sais pas trop. Ces signes vitaux sont bons. C'est juste qu'on n'arrive pas à la réveiller."


- " Je pense qu'il faut essayer avec quelqu'un qu'elle connait bien. C'est peut-être une sorte de sécurité qui se déverrouillera si elle est en confiance ?
- " Euh... Oui mais... Je ne suis pas très à l'aise à l'idée que de parfaits inconnus m'associent à elle.
- " Je te garantis que tu ne risques rien. Le couple qui vit là connaît autant de secrets que d'habitants de Strangerville et il n'en a jamais ébruité un seul.
- " Qu'on ne sache ! Je peux t'assurer que le fait qu'ils soient tranquilles est plus que suspect. Ce seraient des maîtres chanteurs ça ne m'étonnerait pas.
- " Non, pas du tout. Crois-moi, ils sont de notre côté.
- " Pardon mais ça ne me suffit pas.
- " Ok. Bon. Ils hébergent un spécimen qui a survécu à l'Épidémie du Berceau et qui est passé entre les mailles du filet d'Oaz'Corp.
- " QUOI ?!
- " Oui. Elle s'appelle Leslie. Elle a une vie diurne tout à fait ordinaire mais la nuit... Elle est comme possédée. Tout le monde la connaît ici. Et il se dit qu'elle n'est pas seule. "

Julie voudrait écarquiller davantage les yeux mais cela lui est impossible.

- " Et comment ça se fait que je ne sache ça que maintenant ? 
- " Parce-que ce qu'il se passe à Strangerville reste à Strangerville. C'est comme ça depuis toujours ici. Moi-même je n'étais pas au courant. Je l'avais déjà croisée, la nuit, mais je pensais qu'elle était porteuse d'un handicap. Enfin c'est le cas, du coup, mais il n'est pas décrit dans les livres de médecine celui-ci. Les Hernandez ont tout de suite vu que j'étais mal à l'aise et que je connaissais Silvia. Une des jeunes qu'ils hébergent, Alice, m'a tout de suite avoué qu'elle savait qu'elle n'était pas comme les autres. Pour gagner ma confiance ils m'ont parlé de Leslie qui est en vadrouille à l'heure où je te parle. Quoiqu'il en soit, je comprends tes réticences, mais que proposes-tu ? Jane m'a dit que vous étiez en fuite avec les enfants. Tu as de quoi loger Silvia ?"

Elle se mord la joue et jure intérieurement. Elle n'a pas le choix, visiblement...


- " Je te préviens par contre, ils vont te poser quelques questions... "

Même avertie, elle ne s'attendait pas à un tel comité d'accueil.


C'est à peine si avec Don il peuvent refermer la porte derrière eux tant ils sont proches. Leur attitude est clairement protectrice, comme le confirment les premiers mots de la femme qui est sur sa droite : 

- " Nous avons l'habitude des brebis égarées, ici. Et nous mettons un point d'honneur à ce qu'elles se sentent en sécurité. C'est pourquoi nous voulons nous assurer que vos intentions sont bonnes. Don nous a dit que vous étiez proches, il fut un temps. Pourquoi cela n'est-il plus le cas ? "

Julie a la chique coupée tant elle ne sait pas par quoi commencer. Et puis elle ne se voit pas non plus leur déballer toute leur vie de but en blanc, aussi bienveillants soient-ils.

- " C'est extrêmement compliqué et lié à des choses qui ne regardent qu'elle et notre famille. Je ne peux rien dévoiler qui ne pourrait nous mettre tous en danger ultérieurement. Même si vous voulez bien faire, je ne vous connais pas. Nous avons des soucis qui sont sérieux, qui sont des questions de vie ou de mort. 
- " Ce n'est pas suffisant. Qu'attendez-vous d'elle ?
- " Je veux renouer le dialogue. Nous avons besoin de nous ressouder pour faire face. Et il y a eu un incident concernant quelqu'un qui lui est proche dont elle doit être au courant. "


- " C'est très vague, tout ça.
- " Je sais bien. Mais si vous connaissez Don comme moi, vous savez qu'on peut lui faire confiance.
- " Sauf qu'il ne sait peut-être pas tout.
- " Il était avec moi la dernière fois que j'ai vu Silvia. Elle a disparu pendant huit ans pour tenter de régler ses problèmes toute seule et est réapparue pour demander de l'aide. Nous devions nous retrouver ce soir mais elle ne s'est pas présentée au lieu de rendez-vous.
- " Vous avez quelque chose qui le prouve ? 
- " Non, j'efface systématiquement tout de mon téléphone avec un logiciel spécial. En revanche... Vous avez son téléphone ? 
- " Oui."

C'est la plus jeune du groupe qui avait parlé.

- " Attrapez-le. Je vais téléphoner avec le mien. Vous verrez que j'ai tenté de la joindre plusieurs fois dans la soirée pour savoir si elle allait venir ou non."

Ils se concertent du regard et l'homme fait un signe de tête à la dénommée Alice pour lui signifier d'aller chercher le téléphone. Julie sort doucement le sien et s'exécute. La vibration liée à l'appel a l'air de les convaincre. La jeune femme lui indique alors de la suivre.



La cage thoracique de Julie se libère d'un poids quand elle observe Silvia dans le lit : rien ne trahit son secret. Elle se tourne alors vers Alice et demande : 

- " Elle était éveillée ou inconsciente quand vous l'avez trouvée ?
- " Inconsciente.
- " Il y a eu des choses qui vous ont paru... étranges ?"


- " Étrange ? C'est à dire ?
- " Vous sauriez de quoi je parle si cela avait été le cas. Elle avait des choses sur elle ?
- " Son téléphone, c'est tout. Et des clés de voiture.
- " Pas de papiers d'identité ? 
- " Non.
- " Vous savez où est sa voiture ?
- " Je ne l'ai pas trouvée. Elle doit l'avoir garée plus loin.
- " Vous vous connaissiez ? 
- " Pas personnellement. Nous participons toutes deux à des combats clandestins. C'est une des favorites. Enfin... C'était.
- " Pourquoi ça ?
- " Le mois dernier il y a eu un incident. On aurait dit qu'elle avait perdu le contrôle et a failli tuer un autre combattant. Elle est revenue deux fois depuis et a perdu les deux combats. Ceux qui la toléraient encore après l'incident pour se faire de l'argent en pariant sur elle ont aussi retourné leur veste. Elle est suspectée non seulement de se doper mais aussi de truquer les matchs.
- " Je vois... Pourquoi ne pas avoir appelé les secours ?"

Son interlocutrice ricane : 

- " Personne n'appelle les secours à Strangerville. Tout le monde sait qu'ils ne se déplacent pas. En cas de gros conflit c'est la caserne militaire d'à côté qui gère le problème. Ils ont un statut spécial ici. Et ils ont de quoi transférer les gens à Oaz'."

Julie hausse les sourcils. Elle avait entendu des rumeurs sur cette ville mais elle pensait qu'il s'agissait d'un folklore régional.

- " Et pourquoi Don ? Plutôt que l'armée ? 
- " Parce-que je ne voulais pas envoyer une fille qui se cache dans un endroit où on lui aurait posé des questions. Don est notre médecin, à Strangerville. Je lui fais confiance."

Elle hoche silencieusement la tête. Ainsi c'est comme ça qu'il gagne sa vie quand il ne tient pas le bar à l'O'Mé. Médecin un jour, médecin toujours...

- " Vous pouvez nous laisser, Don et moi ? Il y a des choses dont j'aimerais discuter en privé."

La jeune femme interroge Don du regard et tourne les talons quand elle obtient son approbation. 


- " Est-ce-qu'elle a besoin d'aller à l’hôpital ?
- " À priori pas pour le moment. Comme je te l'ai déjà dit, elle dort.
- " Elle va se déshydrater si elle ne se réveille pas.
- " Je me suis occupé de ça. Je vais aller chercher de quoi la perfuser. Elle a déjà fait ça ? 
- " Pas que je sache. Il faudrait demander à Daniel.
- " Je n'ai pas réussi à le joindre.
- " C'est normal. Il s'est coupé de tout le monde. Il est compromis. "


- " ... Je suis désolé.
- " ... Moi aussi.
- " Que veux-tu faire ?
- " Si c'est d'accord avec les hôtes, je vais rester ici cette nuit au cas où elle se réveille. Si ce n'est pas le cas..."

Elle soupire.

- " Je vais devoir leur demander de la garder. Du moins tant que son état le permettra.
- " ... Ok. Je veillerai sur elle.
- " ... merci.
- " Tout le monde va bien, sinon ? 
- " Oui. On essaie de sauver les apparences...
- " ... Ok. Viens. On va parler aux Hernandez."

Elle répond en hochant la tête après un dernier regard pour Silvia.


- " Je ne suis pas bien sûre de comprendre le statut de Strangerville. Pourquoi est-ce l'armée qui est en charge de la ville ?
- " Vous savez ce qu'est l'Épidémie du Berceau ?
- " ... Vaguement, oui.
- " Strangerville a été touchée de plein fouet. Le camion qui a fuité a contaminé ses voleurs qui étaient originaires d'ici pour la plus part, les autres des Terriers à Oasis Springs. Enfin... Il a été renommé depuis si je ne m'abuse. La ville a été mise en quarantaine, puis mise sous la tutelle de l'armée. Nous sommes considérés depuis comme une sorte de micro-état indépendant.
- " Dirigé par... ?
- " Ted Roswell. Du moins officiellement.
- " Et officieusement ?
- " Victor Lalouche. Son influence lui a permis de mettre la main sur la ville et de bénéficier d'une législation particulière.
- " Mais comment est-ce possible ? Personne n'a cherché à les contrer ?"


- " Bien sûr que si. Et voila où nous en sommes. "


Le constat est accablant et coupe la chique à Julie. Une dizaine de "mais" lui vient à l'esprit mais l'évidence est là : la résistance a perdu ici aussi.

- " Qu'est-il arrivé aux personnes contaminées par le conteneur volé ?
- " Officiellement ils sont tous morts, comme les bébés.
- " Pourquoi, officiellement ? 
- " Parce-que quand on s'est aperçu de ce qui était en train de se passer, certains d'entre-nous on décider de cacher les malades de leur famille. Il y a eu beaucoup de décès, mais quelques survivants disons... qui n'étaient plus totalement les mêmes à leur réveil.
- " ... C'est à dire ?
- " Je vois dans vos yeux que vous savez déjà de quoi il est question. Du moins en partie. 
- " ...
- " Je comprends, ne vous inquiétez pas. Ici, la vérité n'importe plus. Elle est noyée dans tout un tas de théories du complot qui a surgit après l'Épidémie du Berceau. Nous sommes la risée du monde scientifique et une destination touristique pour les complotistes. La vérité ne fait plus peur car elle a perdu toute crédibilité. Mais vous, vous n'êtes pas d'ici. Donc vous êtes en danger avec tout ce que vous savez à l'extérieur de ce gigantesque parc d'attraction. Bien sûr, je serais curieuse de connaître votre histoire, mais je n'en ai pas besoin. Je ne combats plus pour une cause perdue. Cela dit, je ne tourne pas le dos à ceux qui y croient encore ou qui n'ont d'autre choix que de continuer. Vous êtes ici chez vous."

Julie acquiesce rapidement en guise de remerciements. Les larmes aux yeux, la bouche tordue et la gorge serrée par l'émotion, elle ne peut émettre un mot. Elle ose à peine croire qu'il existe encore des alliés sur cette Terre. 



***






La bouche pâteuse, les paupières lourdes et les yeux secs, Julie oscille entre sommeil léger et semi-éveil quand un cri la réveille en sursaut :


Les couvertures s'agitent et voient une Silvia complètement désorientée en sortir et s'accroupir sur le lit les yeux hagards.


Julie se précipite alors vers elle pour la rassurer, mais Silvia, plaquée contre la tête de lit, ne réussit pas à accorder le lieu avec sa présence. C'est pourquoi très rapidement Julie se met à lui raconter ce qu'il s'est passé et petit à petit l'intellect prend le pas sur l'émotionnel. Elle est aussi très impressionnée de voir que malgré sa panique et un probable épuisement, Silvia reste maîtresse d'elle-même. Une fois cette dernière calmée et après lui avoir laissé le temps d'ingurgiter ce qu'il s'est passé pendant qu'elle était inconsciente, Julie déclare : 

- " Il y a des choses que tu dois savoir. Ils ont réussi à approcher Corey."

Comme prévu, Silvia écarquille les yeux et recommence à s'affoler mais elle enchaîne aussitôt : 

- " Il va bien. Mais ils ont utilisé des techniques auxquelles nous n'étions pas préparés...
- " C'est à dire ?
- " Nous ne sommes pas sûrs. De l'hypnose, probablement. Mais assez puissante je dirais... "

La jeune femme garde le silence, comme accablée.

- " Nous avons pris la décision avec Daniel de nous séparer et... et... de suivre un plan que nous avons élaboré à la naissance de Téo.
- " ...
- " Daniel a récupéré la maison des Terriers et... et...
- " ...
- " Et je... "

Elle soupire. Et elle quoi ? Elle reprend, la voix tremblotante :

- " Et je ne sais pas quoi faire. Je suis sensée disparaître avec les enfants mais... Mais je n'arrive pas à abandonner Daniel. Je sais bien que c'est la seule façon de nous protéger, étant donné le fait qu'ils ont certainement extorqué son identité à Corey et que rien ne nous relie administrativement mais... Il va y passer, Silvia. Et je ne sais pas quoi faire... " 


Elle la voit se masser les tempes, toujours silencieuse. Et puis ses doigts convergent vers la racine du nez.


Julie reprend, impuissante : 

- " Je ne sais pas quoi faire. Je tenterai bien une diversion pour permettre à Daniel de fuir avec nous mais la réalité est que... il n'en a pas l'intention. Parce-qu'il veut que les recherches s'arrêtent à lui. Maintenant qu'ils savent Corey inutile ils vont tout miser sur ton frère. Je... je me rends bien compte de la portée de ce que je te dis et il n'est pas question que tu te sacrifies comme tu l'avais évoqué la dernière fois. Ce que j'espère, en réalité, c'est que tu persuades Daniel de partir avec nous.
- " Il doit être déjà surveillé à l'heure qu'il est. C'est trop tard.
- " Pas si on attire leur attention avant.
- " À quoi tu penses ?
- " Nous avons placé des explosifs à Oaz'Pharma.
- " Vous quoi ?"


- " Rufus, grâce à Djalil, a placé suffisamment de C4 pour détruire le labo.
- " Vous ne pouvez pas faire ça.
- " Pourquoi ? 
- " Parce-que ça fait des années que je place mes billes dans ce labo et si vous le détruisez vous allez anéantir tout ce que j'ai accompli.
- " Tes billes ? Quelles billes ?
- " Je n'ai plus le temps de t'expliquer. Mais vous ne pouvez pas faire ça. Si tu cherches vraiment à m'aider, Julie, si tu penses vraiment ce que tu dis, pars. Sans te retourner. Si tu ne le fais pas, tout ce que tu feras te mettra en travers de mon chemin."

Sur ces mots mystérieux, Silvia se lève et se dirige vers la porte. 


- " Où tu vas ? Et pourquoi voulais-tu me voir ? 
- " Parce-que je voulais te demander de vous effacer de la lutte. Et où je vais ?"


- " Je vais t'offrir une putain de diversion. À toi de convaincre mon frère d'en profiter. C'est votre dernière chance. Après nous ne serons plus dans le même camp. Adieu Julie."






























- " Debout."



















À suivre...




Commentaires

Eulaline a dit…
Silvia a donc décidé de jouer cavalier seul. Est-ce que je suis étonnée? Non.
Est-ce que ce qu'elle est devenue m'effraye? Oui.

Cette fin est une fin de folie, j'ai un peu de difficulté à trouver les mots et à remettre mes idées au clair.

Je suis soulagée de voir que Nadia reçoit des soins médicaux, soulagée de découvrir que Sen (c'est qui cette fille?) est remis sur pieds et que la bande de Jane est sur le qui-vive (un peu agacée quand même que soit envisagé de perdre avec panache mais bon, je vois bien dans quelle mouise ils se sont mis, tous), je pouffe en même temps que Dan: ça le connaît effectivement les vies paravents.

Comme tout le long de cette première partie, Julie est vraiment émouvante. J'avais adoré son meet et elle est vraiment fidèle à ce que j'imaginais d'elle et son évolution m'a vraiment émue. Toute cette histoire, toute son histoire mériterait un HorsSérie et c'est le cas de tous les personnages de ton histoire tant ils sont riches d'histoires que je voudrais vivre avec eux.

Bon évidemment, je reste sur ma faim, il y a tellement d'inconnues, tant de choses qui restent en suspens, si peu résolues et de nouvelles questions, la plus pressante concernant Silvia, cette maison et cet être qu'elle "éveille" à la fin.

Waouh, j'ose à peine te le dire mais je me réjouis tellement d'avoir la suite ♥♥♥
Encore tellement merci de partager avec nous ton histoire ♥
Pythonroux a dit…
Très intense ce chapitre, on aura bien la suite jeudi prochain, hein ^^ (j'aime pas attendre :p)

C'est vraiment très dur de se faire retourner par son cerveau et ses émotions pour Julie.

Qu'est-ce que tu nous prépare Sylvia ? Et puis je veux savoir c'est quoi le type qui voit des choses dans le jacuzzi ;)
PrincesseSey a dit…
Alors voilà, j'ai été un fantôme sur la plupart de ma lecture de No U-Turn, mais il est temps d'y remédier.
Ce n'est pas tout les jours qu'on ressent autant d'émotions en lisant une histoire, mais cette histoire-ci en est pleine à craquer, des belles, des moches mais que raconte toutes si bien.
J'aime tellement ta façon d'écrire et à quel point tu adopte la voix de chaque personnage, qui sont tous si tragiquement humains et paraissent véritablement avoir chacun une vie et une histoire à eux.
Et aussi je voudrait te remercier, du fond du cœur, parce que c'est lire ton histoire qui m'a enfin sorti de mon blocage et donné l'envie de me remettre à écrire...

Et cette fin, quelle fin! Quel suspense aussi, tout le monde a un plan différent et en conflit, je redoute un peu, mais j'ai vraiment hâte de pouvoir lire la suite!
GGO a dit…
Eulaline Oui, tout à fait. Comme d'habitude, ce serait mieux s'ils pouvaient se parler, mais Silvia est tellement en colère contre son frère. C'est une colère qu'elle ne peut raisonner, qui l'empêche de trouver les mots. Alors elle ne dit rien. :/

Merci pour ton message, pour ton implication depuis le début, et pour me tirer vers le haut comme tu le fais <3

Merci de me lire, et il me tarde de partager le reste. En grande partie grâce à toi. <3




Pythonroux Euh... Pas vraiment non XD

Oui, Julie ne comprend pas bien ce qui lui arrive la pauvre ^^"

Merci à toi aussi de me suivre depuis tout ce temps et pour ton enthousiasme. Il me tarde de répondre à tes questions !! <3




PrincesseSey Oh une nouvelle ! :D C'est vraiment très gentil d'avoir pris le temps d'écrire un message, ça me touche beaucoup. Et encore plus un beau message comme le tien. C'est tellement valorisant, après tout ce temps que ça prend... Et alors si en plus ça t'a relancée, mais le best compliment ever ! XD Tellement touchée...

Un grand merci pour tes mots ! :D
Klohma a dit…
Je t'avais dis en Janvier que j'écrirais mon avis ... Désolé!
Je le fais maintenant, alors que dire ... J'avais commencé a lire ta version du forum officiel et déjà j'étais conquise par ton histoire, l'intrigue, les personnages, ton univers enfait! Et là .... Mais c'est mieux qu'une série Netflix ^^ Les personnages sont déchirés, chaque mouvement fait un effet boule de neige on se croirait dans une partie d'échecs c'est fabuleux!
J'adore aussi les dialogues, t'arrives vraiment à transmettre leurs caractère, ça rends vraiment ton histoire vivante! Je sais pas comment t'expliquer! Je vois que Strangerville a arrangé tes affaires, tu t'en sers super bien!

Je me demande comment ils vont s'en sortir parce que là ils sont au fond du trou ...
GGO a dit…
Haha tous ces compliments Klohma je rougis ! XD

Un grand merci pour ton passage, d'avoir pris le temps, ça me touche beaucoup.

À bientôt pour la suite ! ;)
Agathe Corbeau🐑🐉🌞 (@uriellouve) a dit…
Eh bien, quel chapitre et quelle tristesse pour tous ces personnages : un vrai gâchis. être si prêt du but pour en arriver là.

Celle qui m'intrigue le plus c'est bien évidemment Silvia. Elle aurait donc joué cavalier seul depuis le début ? Mais pourquoi ? Du fait de sa nature ? Et de ce qu'elle pourrait obtenir d'Oasis Corp' ?

Et l'être qu'elle réveille à la fin c'est un autre échappé de l'épidémie ?

Que de questions sans réponses ^^. Vivement la 2eme saison.

Et comme toujours, j'admire la façon dont tu utilises le jeu pour arriver à ce que tu souhaites ♥♥♥

GGO a dit…
Oh merci Mumu pour ton message !

Effectivement il y a beaucoup de questions sans réponse, cette première partie a surtout servi à poser les bases. Celle qui arrive va satisfaire davantage votre curiosite ! :D

Merci pour ta gentillesse, encore, et il me tarde de vous faire retrouver la fratrie (qui n'en a plus que le nom TT) Magnolia !