13. Diversion (1)

INFORMATIONS

Le Chapitre 13 est l'avant dernier chapitre avant une pause qui sera assez longue : en effet, je suis arrivée au bout de l'avance que j'avais, qui me permettait de faire des sorties régulières (bon sauf là du coup ^^"). Le 14 sortira au plus tard jeudi prochain (le 23).

J'ai inclus dans le chapitre une vidéo. Celle-ci date de 2015. Je débutais (je crois que c'est mon premier machinima), et j'avais une machine qui n'était pas adéquate. Le résultat n'est vraiment pas terrible et je vous présente mes excuses, mais c'était vraiment le bon moment pour faire le lien entre ces personnages. Je trouve ça plus sympa que des successions d'images, même si la qualité est très faible. j'espère néanmoins que ça ne gâchera pas l'expérience. Vous me direz. :)

Bonne lecture !!

- " Oui ? 

- " ...

- " ... Eh ben... C'est pas trop tôt. J'ai un truc à terminer et je passe. 

- " ...

- " Je sais pas...

- " ...

- " Y'a un problème ?

- " ...

- " ... Ok. Je me dépêche. "

Kay avait l'air nerveux au téléphone. Daniel n'aime pas ça du tout. Il aurait peut-être dû confier la tâche à quelqu'un d'autre. Avec Ricardo au moins il aurait été tranquille... 

Il peste contre lui-même. 

- " Salut.

- " Qu'est-ce-qu'il s'est passé ?"

Kay passe devant lui sans lui répondre et leur échange de regards leur rappelle à quel point ils ne s'apprécient pas. 

Daniel n'oubliera jamais la façon dont le Kay adolescent avait traité sa sœur ni qu'il avait failli entraîner cette dernière dans la drogue.

Kay n'oubliera jamais l'humiliation que lui avait fait subir Daniel en voulant lui donner une leçon et l'éloigner de Silvia.

S'ils se côtoient, c'est uniquement parce-qu'ils appartiennent tous les deux à la même organisation. 

Kay avait suivi son père lorsque celui-ci avait quitté Del Sol Valley pour Oaz' suite à la hausse des loyers de Mirage Park. Tombé dans la drogue à 14 ans, il avait rapidement quitté l'école pour lui préférer des activités moins contraignantes, certes illégales mais assez lucratives pour maintenir son train de vie : squats, junk food, drogues. Il devait la vie sauve à deux choses : sa voix et Corey.

Ses années d'errance lui avaient fait croiser pas mal de monde, dont plusieurs groupes de musiciens dont les membres avaient toujours eu quelque chose à lui apprendre. Mais à l'époque il était plus facile de jouer les durs que de travailler et renforcer ses acquis. 

C'est finalement sa rencontre avec Corey qui avait fait bifurquer sa route pour de bon et Daniel avait bien saisi l'ampleur de l'attachement - aidé par le sentiment de culpabilité - qui le liait à la jeune pop-star. 

C'est pourquoi, dans son esprit, Kay était la personne toute désignée pour protéger l'ex-petit ami de sa sœur. Alors même que c'était sa bourde avec la photo sur le plateau télé qui les avait mis dans cette situation. Les secrets de Silvia étaient si bien gardés qu'à aucun moment il n'aurait pu deviner les conséquences d'une telle exposition. Et puis au final, de qui était-ce la faute ? Au cours des derniers jours, Daniel s'était répété en boucle des séries de réalités alternatives : si seulement Corey n'avait pas pris cette photo, si seulement il ne l'avait pas gardée, si seulement Silvia n'avait pas accepté. Et si. Et si. Et si. Autant d'étapes qui auraient pu être annihilées, autant d'étapes qui les avaient menés inexorablement, Kay et lui, sur ce banc.

Alors que celui qui est devenu son homme de main passe devant lui, Daniel l'observe attentivement, comme si cela pouvait l'aider à deviner ce qui clochait.

Il a quelque chose à se reprocher. Cela transpire jusqu'à lui. Daniel répète alors en marquant chaque mot : 

- " Que s'est-il passé ?

- " Il... Il y a eu un problème...

- " C'est à dire ? "

- " Je sais pas... C'est flou... J'ai... J'ai fait un espèce de black-out... "

Daniel lève les yeux au ciel, désabusé. Après tout, ce n'est pas étonnant. Le milieu de la musique est vérolé par la drogue et l'alcool. C'est quasiment impossible pour un gamin abîmé comme Kay de ne pas céder à la tentation.

- " C'est quoi le problème à part que tu te sois mis minable ? Y'a un soucis avec Corey ?

- " ... Putain j'ai tellement mal au crâne.

- " J'en ai rien à foutre. Y'a un soucis avec Corey ?

- " Je... Aïe... Putain ça fait mal... Je... Je crois qu'il s'est fait droguer son verre... "

Daniel se redresse, alerté : 

- " Et ?

- " Putain je vais vomir... "

Ulcéré par le fait que Kay ait préféré se shooter plutôt que de protéger son ami, Dan se retourne vivement pour le saisir à la gorge. Mais sa main manque sa cible puisque sa victime s'est retournée une fraction de seconde avant pour vomir par-dessus le dossier du banc. Il se lève et s'écarte, faisant des aller-retours, impatient de pouvoir se défouler sur le rouquin. Ce-dernier, entre deux salves, parvient à articuler : 

- " Une copine à lui a abusé de sa confiance... Je... Je me suis pas assez méfié. 

- " Dans quel but elle l'a drogué ?

- " Je... Je sais pas...

- " Tu faisais quoi, toi ?

- " ... Je me souviens plus. J'ai que des bribes. Je sais juste que je... que j'ai peut-être... J'ai peut-être touché à quelque chose... Que j'ai peut-être bu je sais pas. Je me vois commander de l'alcool au bar. Je me vois courir après Corey et sa copine. Je... Je le sentais en danger... Je crois que je les ai rattrapés mais... Je n'ai aucun souvenir de ce qu'il s'est passé. "

Daniel se décide alors à l'empoigner mais Kay esquive à nouveau, volontairement cette fois, puis recule et bute contre un des pieds du banc avant de se rattraper et de tituber en marche arrière, bien conscient que le sursit n'est plus qu'une question de secondes.

- " Donc en fait, tu es en train de me dire que Corey, qui était sous ta surveillance, s'est fait approcher et droguer pendant que tu étais en train de te défoncer ? "

Acculé contre un arbre, Kay est alors à la merci de Daniel qui lui saisit la mâchoire pour le projeter en arrière.

- " Comment il va ? 

- " Bien ! Bien ! Il est stone mais il va bien.

- " Tu sais ce qu'ils se sont dit tous les deux ?

- " ... Il ne se souvient plus. Il ne se souvient même plus d'avoir parlé à Aya. Mais...

- " Quoi "MAIS" ?!"

- " C'est hyper bizarre... Il a eu une réaction chelou quand j'ai insisté...

- " C'est à dire ?!

- " Mais laisse-moi parler aussi ! Et puis tu me fais mal bordel ! "

Kay essaie de se dégager mais se fait aussitôt violemment renvoyer contre le palmier dans son dos.

- " Alors ?! 

- " Il a été pris de sortes de... de tics... Et plus je cherchais à savoir, plus il allait mal. Il a même vomi par terre... Je l'ai couché, du coup. "

Daniel fronce les sourcils et relâche sa prise, pensif :

- " ... Concentre-toi. Tu as fais quoi de ta soirée ?

- " Je... "

Kay porte la main à sa tête en gémissant.

- " Tu as consommé quoi ? " Insiste Daniel.

Sa respiration s'accélère, il se met à transpirer.

- " Je... Je crois que je me suis drogué... "

Le regard paniqué qu'il lance à Daniel touche ce-dernier malgré lui.

- " Est-ce-que tu as mal à la tête quand tu penses à ça ?

- " Non... Je... Putain... Je crois que j'ai fait une énorme connerie... Toutes ces années de lutte pour... Et maintenant j'ai déjà des signes de manque...

- " Il a fait quoi Corey de sa soirée ? "

À nouveau, Kay porte sa main à sa tête.

- " Tu as dit quoi à... à Aya quand tu l'as rattrapée. Concentre-toi bien fort et répond... "

Pour toute réponse son "cobaye" se détourne et vomit de la bile.

Daniel s'écarte, toujours songeur.

Kay se remet petit à petit, haletant, amer. Sa mâchoire lui fait un mal de chien.

- " Je ne crois pas que vous ayez été drogués... " Lâche finalement Daniel. "Ou pas uniquement. Il sait quoi, Corey, de nous ? "

- " ... de La CLOES ?

- " Oui.

- " Rien. Silvia nous avait demandé de rester discrets à Mara, Auré, et moi sur ce qu'il se passait à l'O'Mé.

- " Tu sais ce qu'il sait, de moi ? ... De Julie ? 

- " De ta famille ? Oh j'crois qu'il sait rien. Il te déteste. Il s'en fout de toi. J'suis même pas sûr qu'il sache que t'as un gosse. L'O'Mé, toi... C'est du passé pour lui tout ça... Attends... Mais... C'est quoi le délire en fait ? Corey se fait droguer par une gonzesse et toi tu me parles de La CLOES ? Genre quand tu m'as dit de garder un œil sur lui, tu parlais pas des paparazzi ou des fans chelous en fait ? Toi tu parlais, genre, d'Oaz'Corp ? "

- " ...

- "  Putain mais tu te FOUS DE MA GUEULE ?! Ah ouais génial le plan ! Tu me mets moi tout seul pour affronter une milice armée !! Mais... Une minute... Pourquoi ils veulent s'en prendre à Corey d'abord ? Putain je pige rien.

- " Ça n'a plus d'importance. Ils ont obtenu ce dont ils avaient besoin.

- " ... Comment ça ?

- " Je sais pas trop comment ils ont fait mais... J'ai l'impression qu'ils ont utilisé une sorte de technique d'hypnose. Là, tu as mal à la tête ?

- " Non...

- " Redis-moi ce que tu as fait ce soir ?

- " ... Je... euh... Oh putain j'ai mal... Oh mais... J'ai mal au crâne dès que j'y pense ! Ça fait pareil à Corey... Et ça disparaît dès que je pense à autre chose. Mais s'ils m'ont hypnotisé, pourquoi je me souviens de trucs ? Ils pouvaient pas tout effacer ?

- " En hypnose il faut que le patient soit réceptif. Si tu étais méfiant ça a du compromettre le processus.

- " ... Mais tu crois que... Tu crois qu'elle aurait pu me forcer à me droguer ? "

Cette angoisse dans les yeux et la voix de Kay lui vrille les tripes.

- " ... Je ne sais pas. Mais elle peut aussi vouloir détourner ton attention en te faisant croire que tu as craqué. "

Daniel hésite mais continue finalement : 

- " Fais-toi faire une prise de sang demain si tu veux être sûr.

- " ... J'l'ai pas vue v'nir celle-là... Putain j'te jure... J'ai l'impression de... Putain...

- " ... Je ne l'ai pas vue venir non plus... Je... J'voulais pas te mettre dans cette situation...

- " ... Ils tapent là où ça pique les enfoirés. Mais j'en ai vu d'autres, hein... J'suis pas mort donc j'suis opé.

- " ... T'es sûr ? 

- " Ah ouais j'suis r'monté à mort tu veux dire. J'vais faire un cercle avec mes bras, foutre Co au milieu et le premier ou la première qui s'approche il se prend une droite direct. Plus rien à foutre. Et on va surtout rester à la maison, aussi. Et toi ? C'est quoi le plan ?

- " ... Suivre le pire scénario... "

- " Putain, putain, putain... "

Il réfléchit à toute vitesse, formule plusieurs hypothèses, mais revient toujours à la même conclusion, à la plus sûre : 

- " On doit dégager. "

Daniel range son téléphone dans sa poche et se tourne vers Kay en lui tendant la main. 

- " Tu as ce que je t'ai demandé ?

- " Ah oui... C'est pourquoi faire, au fait ? C'est pour des trucs d'ADN ça non ? Qu'est-ce-que vous allez faire avec ça ?

- " Trouver des réponses. On ne va plus pouvoir garder contact, on ne sait pas à quel point tu es surveillé. Tu es tout seul sur ce coup là... Est-ce-que je peux compter sur toi ?

- " Oui. Sans problème.

- " Ok... Merci... Et... J'espère que ça ira avec ta prise de sang..."

Ils concluent avec un léger signe de tête et il s'engage au pas de course sur l'allée qui mène à la rue. Son rythme cardiaque s'accélère bien plus qu'il ne devrait ; il est en train de s'affoler. Est-il déjà trop tard ? Ont-ils été suffisamment prudents avec Julie ? Juliana et Téo sont-ils en danger ?

Il n'a pas fait dix foulées qu'il manque déjà d'air. L'oppression est insoutenable et terriblement familière. Il ne croit pas connaître pire sensation que celle de craindre pour la sécurité d'un enfant.

***

- " Qu'est-ce-qu'il s'est passé ?"

- " Ils ont réussi à approcher Corey.

- " Comment ?

- " D'après ce que m'a raconté Kay, ils ont été drogués tous les deux. Mais j'ai peur qu'ils aient aussi subi une sorte d'hypnose... Dès que j'ai voulu creuser sur le déroulement de la soirée il était pris de maux de tête jusqu'à en vomir... Impossible de savoir ce qu'il s'est réellement passé. Tout ce dont il se souvient c'est le cheval de Troie. Une amie de Corey. Une certaine Aya.

- " Tu sais où on peut la trouver ?

- " Non... Mais ce n'est pas la priorité. On ne sait pas ce qu'ils ont pu tirer de Corey. On doit mettre à l'abri les enfants au cas où."

La mâchoire de Julie se serre. Le moment qu'elle redoutait tant est finalement arrivé. C'est un Game Over. Pour elle, du moins. Une légère sensation vertigineuse la prend quand elle pense à tout ce qu'elle a sacrifié, tout ce qu'elle a fait pour assouvir sa vengeance et la situation dans laquelle elle se trouve ce soir.

Seule, 2 enfants, pas de foyer, la queue entre les jambes.

Quand elle revient à elle, elle se rend compte que Daniel ne l'a pas attendue pour terminer de préparer leur départ. Résignée, elle s'habille et finit de nettoyer la maison afin d'effacer toute trace d'eux, soulagée malgré tout par sa routine rigoureuse réalisée quotidiennement.

Elle se sent littéralement bouffée de l'intérieur par l'angoisse. Elle réfléchit à toute vitesse pour trouver le moyen de retenir Daniel avec elle et les enfants. Parce-que dans le plan qu'ils avaient formulé quand tout était simple, Dan servait de diversion pendant qu'elle mettait les enfants à l'abri. C'était inconcevable pour elle aujourd'hui. Si elle savait maintenant qu'elle ne pouvait plus éviter la chute, elle tentait malgré tout de s'agripper aux branches afin d'en amortir l'impact : elle devait trouver un moyen de convaincre Daniel de se mettre aussi en sécurité.

À peine a-t-il fini de border Téo qu'il passe devant elle en lui glissant un "J'y vais" avant de s'apprêter à passer la porte.

- " Daniel !"

L'exclamation est à voix basse mais suffit à l'arrêter.

- " Tu penses pouvoir partir comme ça ? Sans un mot ? Tu pars bille en tête sans même te retourner... "

- " À quoi ça sert, de se retourner, Julie ?

- " On doit parler, Daniel.

- " De quoi ? On s'est tout dit, tout est prévu depuis des années maintenant. On a fait ça précisément parce-que maintenant nous n'avons pas de temps à perdre. C'est vers moi qu'ils vont orienter leurs recherches. Plus ils mettent du temps à me trouver, plus il y a un risque qu'ils cherchent ailleurs.

- " On peut tous disparaître, Daniel. Tu n'as pas à servir de bouclier. 

- " Ce serait bien que tu te reprennes. On s'en tient au plan."

Il lui tourne le dos mais elle tente encore : 

- " Un plan que j'ai élaboré en te traitant comme de la chair à canon et que tu n'as pas remis en question parce-que tu es persuadé que ta vie ne vaut rien. Nous étions tous les deux aveuglés par notre colère et nous avons fait des choix inhumains. Nous avons perdu, c'est vrai, mais il est encore temps de choisir comment nous le faisons.

- " On ne remet jamais un plan en question au moment de la crise ! Qu'est-ce-qu'il te prend à la fin ?!"

- " Il me prend qu'il est temps d'arrêter la casse. Ta vie a de la valeur Daniel. Nous ne sommes plus des soldats depuis longtemps. Nous avons élevé des enfants ensemble. "

 - " Tu ne peux plus faire comme si ta disparition n'allait pas avoir de conséquences.

- " Arrête ça.

- " Non. Je ne te laisserai pas t'engouffrer dans cette entreprise kamikaze sous le prétexte que c'est une décision qui a été prise des années avant. Je sais ce que j'ai dit. Mais quand la situation évolue on se doit d'évoluer avec.

- " La seule chose qui a évolué, Julie, c'est ton positionnement par rapport à moi. Tout le reste est identique. Si on veut empêcher qu'ils grattent il faut leur donner un os à ronger. Je le ferai. Je suis au clair avec ça. Mais tes états d'âme n'aident pas. Donc je vais partir et ne tente pas de me retenir. Ça ne fera qu'empirer les choses. Prends soin de toi, Julie. Et merci pour Téo. "

***

- " Monsieur ?

- " Hum quoi ? Mais... Mais que fais-tu ici à cette heure ?!

- " Il y a du nouveau à propos de la gamine"

Victor sursaute et sort de ses draps avec précipitation : 

- " Je t'écoute.

- " J'ai approché le petit-copain. Ça ne s'est pas aussi bien passé que prévu.

- " Viens-en au fait bordel de merde.

- " Je n'ai pas réussi à lui soutirer des informations significatives sur place. Il était trop méfiant. Tout ce qui tournait autour de la Delta était protégé. J'ai dû l'infecter. Son compagnon s'est montré récalcitrant également. J'ai dû user de la force. 

- " Quelle force ? 

- " Psychique.

- " Ah tu m'as fait peur. Bon, je vois. Au final, quels sont les conséquences et les risques ?

- " Le compagnon ne devrait pas poser de problème. Il n'y a pas de trace de ce qu'il s'est passé en dehors des quelques souvenirs qu'il va avoir et j'ai fait en sorte qu'il soit occupé à penser à autre chose. Pour le gamin je devrais pouvoir le cracker rapidement. Il n'est pas impossible qu'il meurt de l'infection en revanche.

- " Pourquoi il en mourrait ? Si tu as accès aux données rapidement tu peux déclencher une apoptose ?

- " Parce-qu'il a une maladie génétique qui provoque rapidement un orage cytokinique qui lui-même attaque tout aussi rapidement les organes. Et comme les éléments pathogènes sont dans le cerveau, ses chances de survie s'amenuisent de minute en minute. "

- " Bon ne perd pas de temps alors. Les morts ce n'est jamais bon pour le business.

- " Très bien Monsieur. Mais si je dois choisir entre creuser et le laisser en vie ? 

- " ... Sois le plus rapide possible. Mais tu dois trouver des réponses.

- " Entendu Monsieur."

***

Une fois à l'intérieur, il balaie la pièce du regard et se rappelle pourquoi il n'aime pas cette maison. Elle est l'allégorie de son existence : un cache-misère.

Désœuvré, il erre sans but réel entre les pièces en finissant par la plus douloureuse.

La seule encore emprunte de sincérité. Mais de tellement d'amertume, aussi. Il aurait aimé lui offrir davantage que ces meubles premier prix, son absence et sa rancœur. Il n'avait pas réussi à offrir à Silvia le foyer qu'elle méritait. Et comme pour renforcer ce triste constat, son regard tombe sur une photographie qu'il avait oubliée. Le choc lui fait fermer les yeux.

Les mots de Julie prononcés plus tôt résonnent à ses oreilles : "aveuglé pas la colère". 

Il arrache le fond du cadre.

Il s'était toujours interdit de regretter. Seulement ce soir, c'est le regret qui s'engouffre de force : il aurait dû accepter la main tendue. Mais il s'en rend compte beaucoup trop tard.

Il sort la photo, la regarde une dernière fois.

***

Je te tiens.

Motel : Origin ID Nisi1978 / Desert Motel

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