Meet...Corey 8






Je ne sais pas combien de temps on est restés là, agrippés l'un à l'autre, se faisant à l'idée qu'elle avait réussi à enrayer une crise.
Mais le vent s'est levé, on a frissonné, et il a fallu décider de ce qu'on allait faire ; tout de suite, demain, plus tard. Pourtant, on n'était paralysés, incapable de faire le moindre mouvement puisqu'aucun ne nous aurait amenés dans la direction souhaitée, celle qui nous aurait sauvé tous les deux. On avait besoin de temps, d'une soupape.

Et puis j'ai eu une idée.




- C'est bon on peut y aller. 




Silvia ne voulait pas rentrer chez elle, chez moi nous n'aurions pas plus eu la tranquillité dont nous avions besoin, et nous n'avions pas d'argent.
Heureusement qu'il nous restait des amis. Une, en l’occurrence, mais celle qu'il fallait.




- Eh beh alors les enfants, on fugue ?
- Salut Mara. Merci de m'avoir répondu.
- Mais c'est normal mon ptit chou ! Il s'est passé quoi ?
- Silvia a besoin d'un endroit pour réfléchir pendant quelques temps...




Mara n'était pas une amie proche de Silvia, mais elle la connaissait assez pour se rendre compte qu'elle n'allait pas bien.

- C'est Kay ou Dan cette fois ?
Silvia n'a pas répondu.

- Ah la la ma chérie, va peut-être falloir faire un peu de ménage, hein... Enfin... Allez venez. 
Nous nous sommes donc dirigés vers le dernier étage de l'immeuble, où les parents de Mara avaient aménagé un studio d'artiste. J'ai connu Mara un peu avant Silvia, mais nous ne nous sommes fréquentés que par le biais de nos parents qui sont amis. Malgré tout, on s'entend bien et je sais que c'est une personne à qui on peut faire confiance.




Il se trouve que Mara vit seule de temps à autre, quand les évènements professionnels de ses parents les obligent à quitter la maison au même moment. Cette fois-ci, sa mère exposait à San Myshuno, et son père était en tournée. Mara pouvait donc nous accueillir un peu le temps que l'on réfléchisse à nos options.




- Bon, j'ai besoin de savoir... je vous ai vu ou pas ?
- Pour l'instant, non. Mais on va trouver une solution. On va pas t'embêter longtemps.

Le portable de Silvia a vibré, attirant notre attention.
Elle a fermé les yeux et l'a éteint.

- Co'. Elle reste tant qu'elle veut, je la couvre.
- Je... je vais rester ici aussi, si c'est possible...
Mara n'a pas masqué sa surprise, avant de demander, malicieuse :




- Mais didon, tu serais pas la cause de tout ça quand même... ?

J'ai du virer au cramoisi car elle a éclaté de rire.




- Oh elle est trop bonne celle-là ! Corey tu es un amant ?! Toi ?!! Oh si on m'avait dit ça ! Et le cocu c'est Kay ?!!! Oh nan mais elle est trop bonne ! Je vais avoir du mal à pas le répéter !!

Elle s'est bien bidonnée devant nous, pouffant et repartant en fou rire dès qu'elle tentait de se calmer.
Mara. Juste Mara.
J'ai levé les yeux au ciel et j'ai attendu. Seulement, ma tête la faisait hurler de rire à chaque fois qu'elle me regardait.

- Ok ! Ok ! Pardon ! Je vais me calmer ! Mais...
Elle avait encore pouffé puis s'était calmée pour de bon

- Nan mais débrouillez-vous pour pas que ça se sache, parce-que si Kay apprend ça, Co', t'es hyper mal !
- Pourquoi tu crois qu'on est là ?
- Ah oui oui ! Vous avez bien fait ! Ouh la la. Je serai muette comme une tombe ! Oh sérieux... Co'... la copine de Kay quoi... Et toi Silvia... Bon ! Du coup, je vais pas tenir la chandelle hein... Amusez-vous bien. Je vous donne l'autorisation de faire vos ptites affaires dans le grand lit...
- Maraaaaaa...
- Oh Co' ça va ! Il en a vu d'autres des dépucelages, hein...
Mara. En pleine forme.

- Bon les amoureux, je vous laisse.
- Mais tu vas aller où ?
- Chez Auré. Ça me donnera l'occasion de m'excuser.


- Servez-vous dans les fringues, dans le frigo,... Bref... Faites comme chez vous. Je vous dis si mes parents rentrent.
- Merci Mara.
- De rien mon ptit chou. 




Et on s'est retrouvés là, tous les deux. 




Ne sachant pas quoi faire de nous.

J'ai tenté de faire diversion, histoire de faire oublier la mention de ma virginité.




- Tu as faim ? Tu veux quelque chose ?

Elle dit "non" de la tête et s'est écartée.

Je savais ce qu'elle ressentait parce-que je le ressentais aussi. Du doute et de la peur. Il nous fallait un plan. Au fond, je savais bien ce que je devais faire. Il fallait que je parte, que je prenne l'amour qu'elle venait de me donner et que je m'en serve pour tenir ma promesse. Mais ça m'était impossible. Je ne me voyais pas quitter Oaz' sachant qu'elle replongerait dans les bras de Kay immédiatement après. Je voulais m'assurer qu'elle avait compris mon message. Qu'elle devait prendre soin d'elle. Il y avait aussi certainement ce petit espoir de la voir partir avec moi, surtout maintenant qu'elle savait pouvoir enrayer ses crises. Ces minutes silencieuses ont été très pénibles car j'étais assailli de messages d'alerte : Kay ; Dan ; mes parents ; et Silvia bien entendu. J'avais tellement peur qu'elle regrette ce qui s'était passé. Alors j'ai commencé par là : lever le doute sur ses sentiments. Car si elle voulait faire machine arrière, ce n'était pas encore trop tard.




- Si tu regrettes, Silvia, on peut rentrer chez nous. Il n'y a rien d'indélébile. Je ne veux pas que tu te forces à être avec moi en raison d'un quelconque sentiment de loyauté, ou par peur de me blesser. Et surtout, je ne veux pas de ta pitié. Je veux que tu sois avec moi parce-que tu le veux vraiment. 

Elle n'a pas répondu. Ça ne m'a pas rassuré, mais de toute façon, je savais qu'elle ne voulait pas rentrer. Alors on allait rester là le temps qu'il fallait, et j'allais lui laisser de l'espace, essayer de l'apaiser.









J'ai senti sa chaleur contre mon dos avant même qu'elle ne me touche.

- Comment tu fais ça ?
- Comment je fais quoi ?
- Comment tu fais pour ... pour me faire ressentir ça ?
- Ça quoi ?
J'avoue, j'ai savouré ce moment. J'avais continué à jouer tandis qu'elle avait posé son front contre mon dos.

- ... A l'intérieur. Ça fait si mal que je ne sais pas si c'est bien... 
J'ai posé ma paume sur les cordes, doucement.

- Je ne suis pas pressé, Silvia. Tu peux prendre le temps de le découvrir. J'ai fait ce que j'avais à faire. Et j'ai promis quelque chose. Quoique tu décides, je ne t'en voudrai pas. J'ai aussi promis que j'allais partir, et je vais le faire. Ça peut t'aider à faire un choix.
Ça m'a fait mal de dire tout ça. Mais je ne voulais plus faire semblant, vivre dans le mensonge et le déni de moi-même. C'était fini tout ça.

J'ai posé la guitare, je me suis tourné et j'ai pris son visage dans mes mains :

- Je t'aime Silvia. Je t'aime avec tes secrets, je t'aime toute entière. Et je ne te demande rien en retour.
Si j'avais su...




Si seulement j'avais su... Si seulement j'avais compris avant que ça n'avait pas de sens de m'inhiber comme je l'ai fait. Que je me faisais du mal pour rien, que je perdais du temps. 




Tout ce temps perdu... A douter de moi... des autres... A souffrir...

Dans un état second, sonné par l'intensité du baiser qu'elle venait de me donner, je l'ai vue reculer de quelques centimètres, et me sourire, une lueur nouvelle dans son regard.



 J'ai observé, transi, ses doigts légèrement tremblotant attraper les bords de son T-Shirt et les soulever pour les passer par dessus sa tête. Et puis elle a défait sa ceinture. Puis déboutonné son short, qu'elle a fait glisser sur ses jambes. Elle s'en est lentement débarrassé avec ses pieds, avant de s'approcher de moi pour dégager les boutons de ma chemise de leur boutonnière. J'étais incapable du moindre mouvement, je contrôlais à peine ma respiration. Une fois torse nu, elle s'est collée à moi pour m'embrasser. Je crois que je me souviendrai toute ma vie de la sensation de sa peau sur la mienne. C'est seulement à ce moment là que j'ai osé la toucher. Je l'ai trouvée si menue, dans mes bras, sous mes doigts. Si fragile. J'avais l'impression que je pouvais la casser.
Ne pouvant me résoudre à enlever mon pantalon, c'est elle qui s'en est occupé, avant de me diriger vers le lit. Je savais qu'elle était au courant, mais j'ai eu besoin de lui parler, de partager mes craintes.



Elle a juste souri avant de me prendre dans ses bras... 




... et de s'allonger en m'entraînant au dessus d'elle. 




Je ne sais pas pourquoi j'étais si inquiet. Parce-qu'après tout, il n'y a rien de plus naturel pour moi que d'aimer Silvia.













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