Meet... Corey 2




Donc... J'en étais où ? Ah oui. Le jour où tout a capoté. Oui, tout. J'étais tellement honteux que j'ai cherché à me faire oublier. Et cela a profité à d'autres...
Alors on commence par qui ?


Avant, nous étions deux. Le capitaine et son second. Ou le chef et le larbin, c'est selon. Puis l'équipage s'est étendu, peut-être parce-que sur une main il n'y a pas que deux doigts, plus sûrement à cause du programme immobilier de la ville visant à réhabiliter les Terriers.


6, a-t-on été alors. Dont un mutin (enfin 2, on en reparlera). Mais Silvia a eu vite fait de le remettre à sa place, le Lars. 



C'est à ce moment là qu'on s'est nommé La Bande à Silvia. Parce-qu'elle était forte, juste, et trop belle.


Ça aurait dû attirer mon attention, que tout le monde pense comme moi. J'avais complètement occulté le fait que d'autres puissent la trouver à leur goût.
Je me souviens, j'étais là, à faire semblant de conduire le faux vaisseau du parc, tandis qu'un membre de l'équipage croyait qu'un moussaillon devait se faire mousser auprès du capitaine. C'est qu'il savait en faire des trucs Lars !

Heureusement, ce soir là, un miracle s'est produit.


Daniel est venu s'occuper de sa sœur. Il était dans un de ses bons jours...


Je n'ai jamais su ce qu'il lui avait dit, mais je sais que ça l'avait rendue triste ET que ça avait interrompu le numéro de charme de Lars, ce qui m'avait soulagé. Sur le moment. Car évidemment, ce n'était que partie remise, puisque personne ne savait que la place était déjà prise. Dans ma tête. D'ailleurs, c'est à peine si les autres de la bande connaissaient mon prénom. J'étais le copain de Silvia la majeure partie du temps. Si seulement j'en avais eu conscience, à l'époque... Mais non. Je la suivais comme son ombre. Comme si je n'avais pas de corps qui m'était propre. J'étais donc condamné à observer l'évolution des relations au sein de notre groupe.


Si on m'avait demandé mon avis, j'aurais voté pour Hayden. Quitte à ce que ce ne soit pas moi, autant que ce soit un mec sincère. Mais je pense que Silvia n'était quand même pas tout à fait son type. Et son hésitation a malheureusement laissé le champ libre à son frère. 





Quand je pense qu'elle s'est jetée à l'eau avec ce gars là...





Ce n'est pas elle qui me l'a dit évidemment. Mais Lars fanfaronnait tout ce qu'il pouvait et j'ai entendu des détails que j'aurais préféré ignorer, si ce n'était pas pour les découvrir par moi-même...


Daniel a quand même eu un sursaut, à un moment. Il a dû capter un truc entre deux escapades, mais autant dire que la leçon n'a pas été reçue comme on il l'espérait.



Surtout qu'elle m'avait dit une fois qu'il ne pouvait pas le sacquer le Lars, donc elle n'était pas prête de le lâcher.



Et puis finalement, les relations entre eux deux ont commencé à se détériorer. Si je ne connaissais pas Dan, j'aurais juré qu'il l'avait fait exprès.


Lars est arrivé un jour complètement hors de lui en ordonnant à Silvia de dire à son frère de ne pas s'approcher de sa mère. Apparemment Dan lui aurait fait du rentre-dedans et l'aurait baratinée pour la mettre dans son lit. Mais bien sûr. Tellement son style, à Dan.
La requête a quand même été transmise à un Daniel toujours aussi bavard : "Ça ne te concerne pas. Mais conseille-lui de ne pas ébruiter cette affaire si on ne veut pas que Sharon s'en mêle." C'est vrai qu'elle a pas l'air simple celle-là non plus... Donc si elle avait appris qu'une nana en peignoir avait demandé à son mec de vérifier la tuyauterie, à mon avis ça ne se serait pas bien passé.


Je ne sais pas bien à quoi elle a pensé la mère de Lars et Hayden, pour jeter son dévolu sur un type comme Dan. Les filles, franchement, je sais pas comment elles choisissent leurs mecs. Bref. Leur mère n'en est pas à son premier dégât des eaux de toute façon. Donc si j'en crois les précédentes rumeurs, ça s'est plutôt passé comme ça : 








Bref, Lars est tombé sur un Daniel à moitié à poil dans son salon en plein milieu de la nuit sur le point de s’éclipser et ça l'a contrarié. 


Suite à cela, donc, les relations entre Silvia et Lars se sont dégradées au point qu'il en est devenu imbuvable avec elle. 


Infect , même.


Si bien que Silvia est venue se confier à moi.


Ça a été un moment très bizarre. D'un côté j'étais super content, et de l'autre ça me faisait de la peine de la voir comme ça. Surtout que le coup de grâce a été terrible.


Alors que je prenais sur moi en lui disant que ça allait lui passer, à Lars, elle a reçu un texto de Mara qui lui demandait si c'était normal que son mec fouille les amygdales d'Elisa. Mara et la délicatesse, quoi. Deux entités bien distinctes.



La trahison ultime. Une mutinerie en bonne et due forme menée de front par le playboy Lars et l'angélique Elisa.


Cela dit, ça m'a donné une bonne occasion de remonter le moral de Silvia. Jamais elle n'aurait fait ça, elle. Parce-que c'est quelqu'un de bien, d'honnête et de loyal. 


Mais le fait que ce soit par Elisa qu'arrive la faute rendait les choses plus compliquées. Si ça avait été une fille random, encore... Mais Silvia avait toujours eu un complexe d'infériorité par rapport à elle. Elisa appartenait à une famille aisée des nouveaux Terriers donc elle était à la fois à l'abri du besoin, douce, et jolie (combien de fois ai-je entendu parler de la peau parfaite d'Elisa ?)... Je pense que le mal-être de Silvia a pris une toute autre ampleur à ce moment là. Surtout que sa maladie de peau a évolué, dans le mauvais sens. Véritable sujet tabou, je n'ai jamais eu l'occasion de voir à quoi cela ressemblait. Mais j'ai quand même remarqué que les gants avaient été complétés par des sweats et les shorts étaient devenus des pantalons. Justement, ce jour là, quelques minutes après le texto, elle a commencé à se frotter les mains, signe qu'elle allait faire une nouvelle poussée. J'ai essayé de la retenir, quand elle s'est levée précipitamment pour partir, en lui disant qu'elle pouvait rester, que ça ne me dérangeait pas, que je la trouvais belle quand même, et que pour moi, Elisa ne lui arrivait pas à la cheville.


Quand elle s'est arrêtée, j'ai senti mon cœur battre à toute allure. Ou il s'est arrêté, je sais plus. Je me suis levé, et je lui ai dit ces mots :

- Je t'aime Silvia. Je t'aime comme tu es.
Il y a eu un moment de flottement, puis elle s'est retournée et m'a souri. Pas de la manière dont j'aurais souhaité, cependant. Ainsi, ce n'était pas encore pour cette fois, mais au moins, elle ne s'était pas enfuie en courant.



Elle m'a remercié d'être toujours là pour elle, d'être comme j'étais, puis m'a claqué une bise sur la joue avant de filer chez elle pour prendre son traitement.
Quand elle fait une poussée, elle a besoin de s'isoler le temps que les médicaments fassent effet.
Ce qui m'inquiète, c'est que la maladie ne fait pas que s'étendre ; les crises durent aussi de plus en plus longtemps.

Alors pour ne pas focaliser là-dessus, pour ne pas lui montrer mon angoisse, j'évacue.



La musique a toujours rendu la vie plus supportable pour moi. Bébé, mon père jouait pour me calmer quand je pleurais. Je n'ai pas une solide constitution et ma santé a toujours été une préoccupation pour mes parents. Jusqu'à ce que j'apprenne à mon tour à jouer. A partir de cet instant, la plupart de mes maux se sont envolés. Et ils ont tous disparu quand je me suis lié d'amitié avec Silvia. D'ailleurs, je suis retombé malade quand ils m'ont envoyé au conservatoire à San Myshuno.


Je ne veux pas jouer pour les autres de toute façon. 


C'est trop intime. Parce-que je prends tout ce qui me blesse, tout ce qui la heurte, et je le pose sur des cordes...



Sur des touches...



Sur du papier...



Et quand on se retrouve, après ses heures de boulot, après son traitement, après la nuit...





Je lui joue notre thérapie.



Quand elle ferme les yeux et qu'elle sourit, plus rien ne compte. Mais le meilleur, c'est quand elle est assise à côté de moi et que je vois des frissons sur sa peau.
Je pourrais ne faire que ça.

Si la vie était aussi simple que ces moments à deux.





Mais parfois elle met sur notre chemin d'autres êtres... Comme Lars... Comme des créatures étranges...



Silvia arrête de mettre tes mains là-dedans ! Tu vas avoir des surprises un jour !


- Mais nan mais le pauvre ! Il est coincé !
- S'il est rentré il va ressortir hein !
- Et pourquoi il miaulerait comme ça alors ?
- T'appelles ça miauler toi ? On dirait une chauve-souris.
- Genre tu sais quel bruit ça fait.
- J'ai internet. 


- Ah !


- Ah ? Qu'est-ce-que tu sens ?
- C'est un peu poisseux.
- Oh c'est dégoûtant!
- Il tremble le pauvre... Allez Pépère... Alllleeeezzzz... Mais ouille !!! Roooooo... Viens là...


- Eh beh alors chaton... T'as eu peur ?... Mais oui moi aussi j'aurais eu peur... Moins que Co mais quand même... T'es plus courageux que lui hein...
- Hey ho...
- Viens là mon ptit chat.
- Attention si c'est un bébé sa mère peut le rejeter, il ne faut pas trop le toucher.

Traite-moi de fou Corey du futur mais le "chat" (nan parce-qu'il avait une tête bizarre pour un chat) a eu l'air de me dire :

"On t'a pas sonné toi."



- Eh beh alors chaton... T'as eu peur ?... Mais oui moi aussi j'aurais eu peur... Moins que Co mais quand même... T'es plus courageux que lui hein...
- Hey ho...
- Viens là mon ptit chat.
- Attention si c'est un bébé sa mère peut le rejeter, il ne faut pas trop le toucher.

Traite-moi de fou Corey du futur mais le "chat" (nan parce-qu'il avait une tête bizarre pour un chat) a eu l'air de me dire :


"On t'a pas sonné toi."



- Pour ça il faudrait qu'il soit là... 


Que voulez-vous répondre à ça ?


Silvia a malgré tout poussé un soupir et s'est accroupie pour poser le "chat" (Elle peut dire ce qu'elle veut mais Dan a sûrement raison. Plus il grandit et moins ça y ressemble...).


- Allez chaton... Vas retrouver ta Maman. Elle peut se mettre en danger pour tenter de te retrouver. Et tu ne la reverrais plus jamais.

Je sens encore mes poils se dresser sur ma nuque. Pourquoi cela sonnait-il comme du vécu ?
Un autre tabou traînait aux pieds de Silvia comme un boulet : ses parents.
Je me demande encore comment elle a fait pour tenir le coup. Elle garde tant de secrets !


Après un dernier soupir un peu tremblotant, elle a décidé de quitter le spot, sans un regard en arrière.


- Je suis sûre qu'il se serait bien entendu avec Idril.
- Il aurait pu la bouffer oui...
- N'importe quoi... Les chats ça mange pas les grenouilles c'est dégoûtant !
- J'imagine qu'on va bientôt le découvrir de toute façon...
- Pourquoi ?


 - Oh... Une intuition...

Et voilà comment je me suis fait encore piquer ma place de N°1.





 Je ne le savais pas encore, mais le faux chat allait bientôt être le dernier de mes soucis.









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