Meet... Eric et Joseph






Bon... C'est l'heure...



Eric prend encore quelque secondes. Tente de garder son rythme cardiaque à une allure raisonnée. Une fois son cœur mis au pas, il se lève, lentement, et décide de faire une dernière fois le tour. Pour être sûr.



Il vérifie toutes les dates de péremption des produits du réfrigérateur. Il vérifie qu'il n'y a plus de produit frais, lesquels ne supporteraient pas la mise hors tension de l'appareil, qu'il prendra soin de laisser ouvert en partant.



Dans le salon, il soupire. Ce qu'il est pénible ce môme avec son bordel. Eric ne supporte pas le désordre. Mais Joseph, qui a quand même 22 ans - ah non il n'en a que 20, c'est vrai - se comporte comme un gosse. Et vas-y que je te laisse traîner un verre ici, et que je te mets mes boites de babioles par là... Y'en a même jusque sous la télé !

- " JOSEPH !"

Irrité, l'homme se dirige vers la chambre de son jeune colocataire.



- " Ouais ouais j'suis prêt !" Crie l'adulescent de la voix inégale d'un prépubère.

Mais est-il au moins majeur celui-là ?

En pénétrant dans la pièce, Eric manque de tomber à la renverse, frôle l'apoplexie.

- "NAN MAIS TU PLAISANTES ! Tu vas laisser ta chambre comme ça pendant 6 mois ? Y A QUOI DANS TON SAC A DOS ?! UNE BANANE EN DÉCOMPOSITION ?
- "J'crois pas... Répond Joseph en se frottant les yeux.
- "Il croit pas... "

Eric roule ses yeux écarquillés vers le ciel et s'exclame :

- "MAIS TU VEUX QU'ON AIT DES CAFARDS ?!"

À cette pensée, il manque de défaillir. Son appartement. Si ordonné. Si propre. Si paisible avant qu'on ne lui impose cet indésirable. Si frais, avant que Joseph ne laisse traîner ses affaires de sport usagées pendant des semaines dans sa chambre.

- "Je vais ranger.
- "TU AS PLUTÔT INTÉRÊT ! Et fais vite ! On part dans 5 minutes !"



Ah lalalalalala mais qu'est-ce-que j'ai fait pour mériter ça ?



- "Bois pas trop, gamin... Tu te souviens des consignes ?
- "Humhum... De toute façon, y'a pas grand chose qui passe...
- "T'inquiète va... C'est normal d'appréhender.
- "C'est ta combientième mission ?
- "La quatrième.
- "La routine pour toi...
- "Pas vraiment, non... Je suis parti quatre fois en 25 ans...
- "T'en as déjà fait des aussi longues ?
- "Oui. La deuxième. On est resté 18 mois là-bas.
- "18 MOIS ?!
- "Oui."

Eric ne précise pas qu'initialement, le voyage ne devait durer qu'une petite année. Pour éviter d'autres questions dont les réponses étaient susceptibles de faire paniquer la bleusaille, le vétéran enchaîne :

- "Faudra qu'on m'explique comment tu peux être à la fois si minutieux et si bordélique...
- "Ch'ais pas. Je m'y retrouve.
- "Ouais. Bah pas moi. Alors écoute-moi bien : sur la base, tout doit être d'équerre. Tout doit être à sa place. C'est une question de survie. Donc il est impératif que tu sois aussi méticuleux qu'avec tes machines. C'est clair ? Et j'ai pas intérêt à retrouver des miettes sur les claviers ! Rappelle-moi d'en parler à Lenny aussi. La dernière fois il avait fait couler du ketchup pendant qu'il jouait à son jeu de sport, là...
- "Ouais.
- "On dit oui. Quelle bande de cancres cette génération... Allez. On file."

Il sort le premier, hèle Coumba, laisse passer Joseph, ferme à double tours, ne voit pas sa collègue arriver, s'impatiente :

- "COUMBA ! On y va là !
- "Oui j'arrive !"

Et la voilà qui n'arrive pas avec des bibelots plein les bras...

Coumba et ses fétiches...



- "Nan mais Coumba... Que veux-tu que je fasse de ça ?
- "Tu le gardes toujours sur toi. Ça te portera chance."

Eric lève les yeux au ciel.

- "La chance c'est pour les ignorants."



- "Ne dis pas n'importe quoi. Le hasard est une composante de la science. Tu le sais bien. Allez. Arrête de râler et prends ça.
- "Qu'est-ce-que ça sent ?
- "C'est l'essence naturelle de la roche. Elle fait fuir les insectes."

Coumba lui fait un clin d'œil.

- "Ah ?"
- "Hey Coumba, c'est quoi le mien ? demande Joseph, curieux.
- "On l'appelle le métal de la mort...
- "...
- "N'aie pas peur mon chou. C'est juste qu'il est tellement solide et résistant à la corrosion que ce serait le métal de la faux de la faucheuse...
- "... Ah ?"



- "Dis Coumba, t'es sûre que c'est un porte-bonheur ce que tu m'as donné ? S'inquiète Joseph.
- "Joseph... " Rouspète Eric. "Tu es un scientifique bon sang. Ne prête pas attention à ces sornettes.
- "Coumba est aussi une scientifique et une des meilleures !" Réplique le bleu. Puis : "Coumba ? C'est pas un truc maudit au moins ? Comme un anneau que des Nazgûls viendraient chercher ? Youhou Coumba tu m'écoutes ?"






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