Mission to Sixam 2











- " Lenny avec moi. Les autres, attendez ici.
- " Pourquoi on ne peut pas vous suivre ?" S'inquiéta Joseph.



- " Au cas où il y ait des grosses bêtes pour te manger.
- " C'est une simple précaution Joseph. Rien de plus."



- " Joseph n'a pas besoin qu'on se moque de lui, Lenny.
- " Roooooo c'est pour rire... Il le sait, il me connaît quand même."



- " Alors ?
" Deux minutes Eric, on fait le tour.
" Quelle peureuse celui-là...
" Lenny ça suffit avec vos remarques.
" Bien Docteur Lalouche."



- " Nan mais en vrai... C'est qu'il y a un risque s'ils partent tout seuls, hein ? Y'a quoi sur cette planète ? Et pourquoi Philippe est pas parti avec eux si c'est dangereux ?
- " Ne t'affole pas comme ça Jo' ! Phil reste juste avec nous pour qu'on se fasse pas dévorer par un Crotalus Maximus Sixamus pendant que Lenny n'est pas là..."



- " ... C'est tout.
" Haha ! Ça c'est ma Coumba !
" Vous êtes infernaux tous les deux ! Lenny concentre-toi s'il te plaît."

Quelques minutes passèrent avant de recevoir l'aval leur permettant d'avancer. Quand le signal fut donné, tous se précipitèrent en claironnant, dans les termes qui leurs étaient propres, quelque chose qui ressemblait à : " Preum's aux toilettes !"

Surpris, Joseph fut quelque peu distancé.



Lorsqu'il aperçut enfin la base, il prit conscience...



... De l'endroit où il se trouvait. Jusque là trop occupé à avoir peur, seul newbie de l'expédition, il n'avait pas tellement regardé autour de lui.
À cet instant seulement, il fut frappé par la beauté de l'endroit, sa lumière, ses textures... Et le fameux complexe. Sa partie émergée tout du moins. Qu'il avait hâte de découvrir l'intérieur !
Des sentiments contraires l'habitaient cependant. C'était le rêve de sa vie, partir dans l'espace. Mais fort était de constater que son courage n'était pas tout à fait à la hauteur de ses ambitions.

- " Bon Jo' tu dors debout ou quoi ?
- " J'a... J'arrive."

Les jambes en coton, il fit du mieux qu'il put pour trottiner vers ses collègues.



- " On est tous là ? Comptez-vous ! 
- " 1 !
- " 1 !
- " 2 !
- " 2 !
- " 1 !
- " 1 !
- " Rooooo Coumba tu fais exprès ?" S'agaça Lenny.

L'intéressée gloussa.

- " Bon laissez tomber.
- " Ne faites pas l'innocent Docteur Lalouche, vous saviez ce que ça allait donner.
- " On ne peut rien vous cacher Philippe ! Gustave, vous montrez à Joseph comment allumer la base ?"





- " Tout est prêt Docteur Lalouche."



- " Merci Gustave...
- " Preum's !
- " ... Lin et Coumba en premier. Eric et Philippe vous suivez. Ce sera au tour de Gustave et Joseph ensuite. On fermera la marche, Leo-nard-o Marchisell-o.
- " Rooooo c'est vraiment pas juste."



- " Ça va Lin ? Je te trouve bizarre depuis qu'on est partis... "
- " Tout va bien."



Ça n'avait pas l'air, pourtant. Car même s'il fallait bien avouer que le Docteur Muto n'était pas la personne la plus joviale qu'elle connaisse, elle dégageait quelque chose de différent. Un mélange d'émotions... Un mauvais mélange.



Sa nature était-elle amplifiée par l'anxiété inhérente à la mission ? Après tout, personne n'était vraiment tranquille... Même Lenny ne trompait personne avec sa logorrhée. Philippe et le Docteur Lalouche semblaient les moins impressionnés. En même temps, le premier était un ancien militaire haut gradé et le second avait pratiquement bâti la base de ses mains.

- " Coumba, les autres attendent..."



- " J'arrive... J'arrive..."





Le sas de décontamination passé, toute l'équipe pouvait bénéficier de quelques heures pour s'acclimater avant de passer aux choses sérieuses.
Lin et Coumba partageait une des deux chambres du 2ème sous sol, tandis que les 5 hommes s'entassaient dans la deuxième. Le Docteur Lalouche ayant ses appartements au niveau au-dessus.



Lorsqu'elle pénétra dans sa chambre, elle tomba sur sa collègue qui s'était écroulée de fatigue sur son lit. Peut-être était-elle juste exténuée...
Coumba s'approcha, pensive.



Un petit sourire lui vint quand elle aperçut la pierre qu'elle lui avait confiée avant le départ.
On ne pouvait pas les dire amies, toutes les deux. Elle n'était pas bien sûre qu'elle en ait une seule, Lin. Mais elle avait bien senti que la jeune Docteur s'était laissée approcher par elle. Le regard qu'elle lui adressait n'était pas aussi froid que celui qu'elle adressait aux autres. La pauvre avait une sacrée réputation à cause de ça... Tout le monde l'appelait l'iceberg. Coumba essayait bien de prendre sa défense pour que les méchancetés s'arrêtent mais c'était trop demander à ces idiots. Idiots qui se ratatinaient devant le sujet de leurs moqueries quand elle repassait derrière eux pour réparer leurs bourdes. Elle leva les yeux au ciel. Tant de mystère l'entourait, cette jolie blonde. Une jolie blonde qui s'ignorait, d'ailleurs. Quel gâchis ! Coumba secoua la tête. Bien que de 5 ans sa cadette, elle ressentait l'envie de la materner, cette poupée de cire. Elle ressentait chez elle une profonde tristesse qui lui faisait mal au cœur, la rendant fortement pro-active dans leur relation. Jusqu'à présent, Lin ne s'était pas confiée, mais le fait qu'elle tolère Coumba était assez encourageant. Peut-être que ce séjour allait les rapprocher ?

Ne voulant pas faire de bruit, elle remit à plus tard le rangement de ses affaires et sortit de la chambre pour se diriger vers le salon. En route, elle croisa ses compagnons d'aventure, dont un plus que les autres...



- " Tu fais quoi Coumba ?
- " Je vais faire une partie de SimKart avec Jo'. Et toi ?
- " Moi j'allais courir..."





- " Oh finalement je viens !"





***



















- " On va manquer de matières premières. Ça vous dit une petite sortie les filles ?
- " Vous venez avec nous Docteur Lalouche ?
- " Non, j'ai de la paperasse à faire. Lenny est déjà dehors il vous escortera dès que Gustave et Joseph auront fini."



- " J'ai bientôt fini. Et toi Coumba ?
- " Dans 5 minutes.
- " Ok. Je préviens Lenny. À tout à l'heure."













- " Mais... Tu vas faire des pâtes en plus ou...
- " Non. Tu ne vas pas manger des pâtes 3 fois par jour.
- " Du riz alors ?
- " Non plus. Tu as le programme d'affiché si tu veux.
- " Avec Jo' on le regarde jamais il nous file la déprime !"



- " Lenny..."



- " Il va vraiment falloir faire un effort. Tu ne peux pas te nourrir exclusivement de glucides."




- " J'aime pas les haricots."



- " Ce sont des asperges, andouille."



- " C'est vert, c'est pas bon.
- " Mon Dieu mais tu as quel âge ?" S'exaspéra Eric.
- " À ce rythme tu vas nous faire une crise cardiaque à 40 ans." sermonna Philippe. "C'est déjà un miracle que tu n'ais pas développé un diabète.
- " Eh ben au moins je terminerai pas vieux et aigri comme Eric.
- " Eric n'est non seulement ni vieux, ni aigri, mais en plus il a une condition physique exemplaire. Tu ferais bien te t'en inspirer au lieu de te moquer.
- " Gn gn gn.
- " Ne te fatigue pas Philippe. Il est irrécupérable.
- " Le problème c'est qu'en tant que médecin de l'équipe, je suis obligé de m'en inquiéter. Je vais peut-être changer de métier..."

Eric rit doucement tandis que le reste de l'équipe se mettait à table.



- " Lin on va regarder un film, tu te joins à nous ?
- " Non merci, Philippe. Je vais me détendre un peu. Eric, ça ne vous ennuie pas si j'occupe la salle bien être ?
- " Pas du tout. Je comptais regarder le film, ce soir.
- " Tu devrais te dépêcher d'aller choisir d'ailleurs, Joseph et Lenny ne vont pas tarder.
- " Un conseil bien avisé Philippe ! Pas question de revoir un de ces films gores..."

















***









- " Y'en a qui essaient de se concentrer ici !
- " Pardon Eric ! Je referai plus !
- " OOOHHHH ! Et voilà ! ..."



- " ... Mer..."




- " ... ciiiiiiiiiii Eric ! Héhé... "



***









- " Et c'est comme ça que je suis devenu champion du monde. Et franchement, je suis sûr que j'aurais pu le refaire l'année d'après... Mais je m'étais engagé dans l'armée et j'ai été déployé à l'étranger. Mais je serais bien tenté de reprendre la compèt'!"



- " Regarde ça ! J'suis pas foutu ! Des heures de travail, ça Madame."



- " Ah oui je vois ça... D'ailleurs, tu pourrais peut-être m'aider ? J'essaie de perdre ce que j'ai à la taille, là...
- " Où... Où ça ?
- " Mais làààààà! Regarde..."





- " Tu crois que tu pourrais me donner des cours particuliers ?
- " Hein ? Euh... Oui ! Bien sûr ! Quand ça ?
- " Ben maintenant... C'est bien maintenant, non ?"





" Léonardo Marchisello est attendu au niveau 0 dans 10 minutes. Je répète. Léonardo Marchisello est attendu au niveau 0 dans 10 minutes."

- " J'ai rien entendu !"



- " Haha c'est pas de chance !
- " Nan nan c'est bon 10 minutes ! Large !
- " Oh je suis déçue... Je m'attendais à mieux du grand Lenny Marchisello..."

Piqué au vif, il s'écarta en râlant, les mains sur la tête.

- " T'es pas sympa..." Fit-il en lui envoyant un regard empli de faux reproches et de tendresse.

Elle s'approcha, lui effleura le bras, et lui dit doucement :

- " C'est parce-que je veux que ce soit un souvenir qui dure, qui reste, et qui me réchauffe quand ça va pas. Je veux ressentir tes tripes, Lenny Marchisello... Oui, un peu comme ça..."

Le garde du corps ne savait pas bien la tête qu'il faisait, tout contrôle des émotion perdu, mais si ça plaisait à Coumba... Il poussa un soupir et l'attira à lui délicatement :



- " Tout ce que tu veux, Coumba."



- " Un problème Lenny ?
- " AUCUN !"



- " Tu ne trouves pas qu'il est un peu lunatique, Lin ?"

La jeune femme haussa les épaules.
La sortie s'annonçait particulièrement... ennuyeuse.



La carte de la zone avait été quadrillée et à chaque sortie était attribuée une parcelle.
Si Lin n'en montrait rien, elle aimait beaucoup quand son supérieur sortait avec elle. Il avait toujours quelque chose d’intéressant à lui apprendre, même après toutes ces années.

- " Lin, viens voir. Je t'en parlais la dernière fois..."



Lazlo Lalouche n'avait qu'une petite dizaine d'années de plus, mais celui-ci semblait compiler une vie de connaissances. Issu d'une famille de scientifiques renommés, devenus milliardaires grâce à leur laboratoire de nouvelles technologies, le dernier-né des Lalouche était devenu le maître de stage de Lin durant ses études, puis son mentor. Les heures passées ensemble et leur passion commune avait fini par les rendre bien plus proches que ne le sont habituellement un maître et son élève.

Chacun récoltait ce qu'il avait sur sa liste, quand la voix perplexe de Lin interpella le chef d'équipe :

- " Euh... Lazlo ?"



Le sang du chercheur ne fit qu'un tour :

- "ECARTE-TOI !!!"

Le cœur de la jeune femme fit un bond dans sa poitrine. Elle tourna sur elle-même, s'emmêla les pieds dans la hâte et faillit tomber. Elle se rattrapa comme elle put et s'éloigna aussi rapidement que son équipement le lui permettait.



Lazlo, qui courait à sa rencontre, l'attrapa par les épaules et la fit tourner brusquement de manière à ce que la luminosité ambiante le serve.
Lenny, alerté, s'était approché et demanda :

- " Je dois prévenir Philippe ?"

Lazlo ne répondit pas, trop occupé à vérifier l'intégrité de la combinaison de sa collègue. Lin pouvait voir des gouttes de sueur glisser sur son front.



- " Tu as mal à la tête ?
- " No... Non...
- " Tu te sens bizarre ?
- " Euh nan nan, tu me fais peur c'est tout !
- " Est-ce-que quelque chose te brûle ?
- " No... Non... Je crois pas...
- " Ta vue se trouble ?
- " No... Non plus.
- " Ok bouge pas."

Il appuya à plusieurs reprises sur les boutons de l'ordinateur embarqué.



Au bout d'interminables secondes d'attentes, le verdict tomba :

- " Tout est normal. Les constantes sont bonnes. La combi n'a rien."

Le chercheur jura. Il tourna sur lui-même, fit 3 pas à gauche, 4 à droite, revint sur ses pas... Il réfléchissait. À toute allure. Elle fut étonnée que ce soit si long. Quelque chose n'allait pas.

- " Il y a un problème, Lazlo ?
- " Je préviens Philippe ? demanda à nouveau Lenny."

Le chef d'équipe oscilla la tête en regardant ce dernier et répondit à la jeune femme d'un ton qui cherchait à être calme :

- " Non. Ne t'en fais pas. Tu veux rentrer ?
- " ... Ai-je une raison de rentrer ?"

L'attitude de son supérieur empêchait Lin de se calmer.



- " Non. Tout va bien.
- " Lazlo, tu es bizarre.
- " C'est parce-que j'ai eu peur, c'est tout.
- " Qu'est-ce-qu'il sait passé ? Pourquoi ça a fait ça ?
- " ... Je ne sais pas.
- " Lazlo... C'est quoi ces vapeurs ? C'est la première fois que je vois ça. Et toi tu as l'air de savoir.
- " On ne sait pas. Ce n'est arrivé qu'une seule fois que je vois cette fumée. C'est un poison très violent. Je ne savais pas qu'on pouvait le libérer en prélevant les fruits. J'ai l'impression que c'est un mécanisme de défense de la plante. On pensait que c'était la plante morte qui libérait le poison... Mais là...
- " Mais j'en ai prélevé des centaines...
- " Je sais... Le mécanisme m'est inconnu... Pour l'instant. Mais il y a un autre problème. Il possède une activité corrosive qui attaque la combinaison et provoque des nano-déchirures."

Le cerveau de Lin commença à se remettre de sa frayeur et à fonctionner de nouveau :

- " Tu les as vues à quelle occasion ?"

Nouvelle hésitation.

- " Lazlo ! Le pressa-t-elle.
- " Gus ! Gustave ! On l'a retrouvé inanimé près d'une de ces plantes."

Gustave. Gustave qui avait fait 3 mois de coma suite à un accident dont personne ne savait rien. Il était là, et l'instant d'après, il avait disparu des radars. Son signal, faible, était réapparu 45h plus tard, dans un fossé. Et nouvelle information, une de ces plantes diffusant des vapeurs toxiques se trouvait à côté.

- " Lazlo... Es-tu sûr que je ne risque rien ?"

Le visage perplexe de l’intéressé prit une mine résolue :

- " Je ne mettrais jamais ta vie en danger, Lin."

Il lui avait attrapé les mains, aussi. Sous le regard intéressé de Lenny.
Gênée, elle les dégagea et hocha la tête, plus pour passer à autre chose que par réelle conviction. Bien sûr, elle ne doutait pas qu'il la veuille en sécurité. Mais elle connaissait bien Lazlo. Suffisamment pour savoir qu'il ne lui avait pas tout dit.





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