Nadia 5.






Comme l'une avait l'estomac qui gargouillait à n'en plus finir et que l'autre avait la bouche sèche à ne plus pouvoir déglutir, ils décidèrent d'un commun accord de s'arrêter à la cafétéria du parc pour se sustenter.
Alors que le téléphone de Django vibrait pour la centième fois, Nadia s'impatientait :


- « J'aimerais bien manger mon pain au chocolat avant d'aller en cours...
- « Toi, ça m'étonnerait pas qu'on ait déjà craché dans ton café.
- « Pourquoi tu dis ça ? »


Une fois servis, ils s'installèrent à la table la plus proche dans un silence gêné.
Miko était arrivé en ville 4 ans auparavant, son père devant participer à la mise en place de la section sport-étude pour ensuite la manager, et sa mère animait un talk-show à la télé locale. C'est d'ailleurs à cet endroit qu'elle avait fait la connaissance d'Anjana qui y présentait quant à elle une émission culinaire.
La petite famille Django étaient leurs voisins directs quand ils habitaient la « petite » maison, ainsi avaient ils eus tous l'occasion de se côtoyer plus ou moins.
Tous ? Pas vraiment. Nadia était en pleine dépression quand ils arrivèrent et avait déjà effectué un grand ménage dans ses relations si bien qu'il ne restait plus personne. Django, étranger au drame personnel qu'avait vécu sa voisine, tenta plusieurs fois d'établir le contact avant d'abandonner devant l'agressivité mal déguisée de l'adolescente.
Ainsi, 3 ans étaient passés sans qu'ils n'échangent une parole... Jusqu'à la semaine précédente du moins.
Le jeune homme était déstabilisé par Nadia car elle ne rentrait dans aucune case parmi lesquelles il avait l'habitude de classer ses camarades féminines. Jusqu'à présent, c'était la « maniaco-dépressive » qui ne montrait d'intérêt pour rien ni personne. Or, ces trois derniers jours l'avaient surpris. Par deux fois elle était revenue le voir. Pourquoi ? Est-ce-que cela avait un lien avec le fait qu'il ait pris sa défense contre Oruscant ? Tentait-elle, à sa manière, de le remercier ? Sans qu'il ne sache pourquoi, l'idée qu'elle ne soit avec lui uniquement dans le but de payer une dette avant de disparaître à nouveau ne lui plut pas. Il voulut malgré tout en avoir le cœur net :

- « Pourquoi tu m'as aidé, Calcuta ? »

Elle le regarda du coin de l'oeil :

- « Beh parce-que tu m'l'as d'mandé.
- « T'étais pas obligée.
- « Bah si, si j'voulais récupérer le spot.
- « Je t'y ai jamais vu.
- « C'est juste qu'on y est pas en même temps, mentit-elle. T'es pas à l'entrainement le week end et après les cours ? »



La question le fit changer d'expression, comme si elle avait abordé un sujet sensible, et il se détourna pour boire son café.
L'air grave qu'il emprunta alors prit la jeune fille au dépourvu.

- « Beh pourquoi tu réponds pas ?
- « On a pas entraînement tous les jours aux mêmes heures. Mais n'empêche, je t'y ai jamais vu.
- « Peut-être, mais maintenant j'y suis alors tu partages.
- « Tu m'saoules Calcuta.
- « Ca faisait longtemps. »

Elle poussa un petit soupir puis revint à la charge :

- « De toute façon, avec tous les entraînements que tu dois avoir, il doit plus te rester beaucoup de temps ! Je me demande même comment ça se fait que je t'ai vu si souvent là-bas..."


- « Oh arrête avec tes questions !
- « Ouh ça va...
- « Tu veux qu'on parle de toi ? Comment une fille qui se tape de si mauvaises notes peut-être au point sur le diabète comme tu l'es ? »

C'était au tour de Nadia de devenir muette.



- « Alors ? Insista-t-il. C'est quoi l'embrouille ? Je suis tombé sur le seul chapitre que tu connaissais ? Mais je trouve quand même bizarre que tu sois aussi au point sur la rédaction des réponses. Tu parles comme un prof. T'es louche Calcuta. »


 Le visage de la jeune fille se métamorphosa :




- « Si j'te l'dis, je vais devoir te tuer ! »


 Elle partit alors d'un rire de gorge très sonore qui ne manqua pas de mettre Django mal à l'aise.



- « T'es complètement tarée. »

Puis :

- « En tout cas, ma mère va pas en revenir que tu m'ais aidé pour mes devoirs ».

A nouveau, les traits de Nadia changèrent du tout au tout : 


- « Si tu racontes à qui que ce soit que je t'ai aidé, je te mets mon poing dans la figure ! »



- « Ouh la j'ai peur ! Tu risques de provoquer un courant d'air ! Je risque d'attraper un rhume ! »

Ce fut ensuite à son tour de rire sans retenue.





- « Si tu dis rien, on saura jamais. Ne me force pas à me casser le poignet, s'il te plait.
- « Beh ne me frappe pas.
- « C'est trop tard je l'ai dit. Si je ne le fais pas, j'aurai plus aucune autorité sur toi. Il faut que tu me craignes. Souviens toi : je suis cinglée. Je suis imprévisible.
- « Ça, je risque pas de l'oublier. »


Il lui adressa un regard indescriptible avant de dire :

- « C'est pas Yang au baby ? »




***



Il fut décidé que Nadia affronterait les deux car Yang n'y jouait pas souvent, et que Nadia avait eu un reniflement dédaigneux lorsque Django s'était proposé de jouer contre elles.


- « Ne soit pas ridicule, avait-elle lancé. »

Seulement, la partie ne se déroula pas comme elle l'avait prévue.


- « Didon Yang, je croyais que t'étais nulle !
- « D'habitude oui... Je sais pas c'qui's'passe ! »


Mais le génie technique de la jeune sportive ne dura pas :

- « YEAH ! 11 / 5 ! Bah alors les nazes ! On est fatigué ?
- « Yang... tu sais pas du tout jouer en fait... 
- « Eh EH ! On en refait une ? Hein ? Hein ? »




***






- «  BUT !!!
- « YANG !"


- « Nadia ! J'ai même pas eu le temps de me mettre en position !
- « Pas mon problème ! »




***





- « Allez ! Une autre !!!
- « J'en ai marre !
- « Roooo allez la belle !
- « Pour ça faudrait qu'on ait gagné une fois Calcuta.
- « Oh c'est une façon de parler ! Prêt pour une 3ème raclée alors ? Tu préfères ? »




***




- « Yes ! I'm on fire !!!
- « Yang... Comment tu fais pour la supporter... ?
- « Tu sais on se voit pas beaucoup... »


- « Au fait, comment ça c'est passé avec Maeva ?
- « Euh... Bien...
- « Tu lui as mis une patate ?
- « Euh.. A peu près...
- « Et tu es tranquille avec l'ordi maintenant ?
- « Euh... Oui oui... »


- « Ne me remercie pas. Ca me fait plaisir. »




***



La troisième partie fut la dernière. Nadia sentait bien qu'ils étaient à deux doigts de la planter là donc elle préféra décider qu'il était temps de rentrer.



- « Aaaaaahhh ! Quelle bonne journée j'ai passé ! »


- « Tu vérifies que je quitte le parc ?
- « On habite à coté, Calcuta.
- « Ah oui c'est vrai. »




***





- « Nan mais t'as aucun mérite Django ! Tu t’entraînes tous les jours !
- « Je t'ai rien dit pour le baby ! T'es mauvaise perdante c'est tout !
- « Moooaaaaa ? Tu te venges de tes raclées c'est tout ! Il te fallait ta petite victoire pour bien dormir !
- « C'est Yang elle est nulle !
- « Haaaannnn ce goujat ! »


- « Bon j'suis arrivé.
- « Ok bonne nuit.
- « Attends j'te raccompagne quand même.
- « Beh pourquoi ? J'habite à 200 mètres.
- « Parce-que. »


- « Elle est vraiment gigantesque ta baraque...
- « C'est pas la mienne.
- « Que... Ah bon ? Mais t'habites où ? »



- « Nan mais c'est celle des Calcuta, pas la mienne. »

Le jeune homme eut l'air perplexe et demanda prudemment :

- « Mais... Euh... Ils t'ont pas adoptée ?
- « Si si... Mais c'est pas chez moi.
- « Ah bon... Mais euh...
- « Bon tu m'dis pourquoi t'as voulu m'raccompagner ?
- « C'est pas sûr les rues, Calcuta.
- « Arrête de m'appeler comme ça. Mais tu plaisantes ? C'est hyper calme ici ! »

Django eut l'air embêté.


- « Bon qu'est-ce-qu'il se passe Django ?
- « C'est Oruscant. Tu l'as vachement énervé.
- « Et alors ? Tu crois qu'il va s'en prendre à moi ?
- « ...
- « Tu plaisantes ? »

Nadia se mit à rire.

- « C'est pas drôle. Il peut-être violent.
- « Oh arrête ! On est dans le même lycée !
- « Je rigole pas Calcuta. Fais-toi oublier et ne sors pas toute seule la nuit.
- « Mais tu veux me faire flipper ou quoi ?! »


- « Je veux te faire prendre conscience des choses ! Tu te rends pas compte de l'attitude que tu peux avoir ! Des mecs comme Oruscant y'en a d'autres, et tu risques vraiment d'avoir des problèmes le jour où tu en provoqueras un et qu'il n'y aura personne pour te défendre.
- « J'ai besoin de personne pour me défendre.
- « Mais t'es idiote ou quoi ?!
- « Mais arrête ! Tu crois que les autres n'auraient pas bougé s'il m'avait frappé ?!
- « ...
- « N'importe quoi !
- « Alors c'est ça ? Tu comptes sur les autres pour se prendre les coups à ta place ?
- « N'importe quoi ! J'ai besoin de personne je te dis !
- « Eh ben continue de penser comme ça et tu finiras à l'hosto avec ton caractère de merde. Et pour répondre à ta question, les autres seraient intervenus, mais juste avant qu'il ne te tue. »

Nadia ne sut que répondre, choquée par ce que venait de dire l'adolescent.

- - « Je... »

Mais elle ne parvint pas à finir sa phrase, trop gênée par la boule qui grossissait dans sa gorge.



- « Tout ce que je te dis, c'est de faire à attention. C'est un type qui est protégé. Ta parole ne vaut rien contre la sienne. Donc s'il te plaît, évite-le et fais-toi oublier. »

La jeune fille n'aimait pas du tout ce conseil. Mais elle serra les dents. Elle savait au fond qu'il avait raison. Elle avait déjà entendu des histoires de mecs intouchables et de pauvres filles qui s'étaient trouvées discréditées et humiliées après avoir tenté de se confronter à eux.
Il lui fit un signe de la main silencieux pour lui indiquer qu'il partait et qu'il la laissait réfléchir à ce qu'il venait de lui dire, et elle lui sourit faiblement en hochant la tête en échange.



Elle le regarda partir, pensive. Tout se bousculait dans sa tête. Avait-elle besoin d'être protégée ? Était-elle un danger pour elle-même ? Cela faisait deux fois en très peu de temps qu'elle se posait la question. Seulement, l'idée de devoir courber l'échine faisait faire des ruades nerveuses à la petite furie qui l'habitait.


Nadia ne voulait pas se prendre la tête aujourd'hui. Elle prit donc le parti de faire semblant d'être partie courir de bonne heure et lança un sonore « Bonjour » à la maisonnée juste avant de pénétrer dans la salle de bain, comme si elle était en pleine forme après une bonne nuit de sommeil.
Anjana et Nitish avaient échangé des regards perplexes mais n'avaient rien répliqué.



Sous le jet d'eau chaude, la pression redescendit d'un coup. 
Elle se sentait mal. Tellement mal.
Soudainement prise de violents sanglots, elle tapa violemment contre la paroi de la douche comme si cela pouvait faire disparaître la douleur qu'elle ressentait.
Son frère lui manquait. 
Elle réalisait que ce qui lui plaisait chez Django, c'était cette sensation de sécurité qu'elle avait ressenti lorsqu'il s'était placé entre elle et Oruscant.



Elle s'était sentie tellement à l'abri derrière ses épaules ! Le sentiment qu'elle avait ressenti alors l'avait momentanément ébranlée. Son coeur avait battu tellement fort ! A ce souvenir, elle sentit ses joues s'enflammer et ses pleurs se calmer.
Puis, rapidement, ce gouffre, encore. 
Elle avait envie de se sentir protégée. Elle avait envie de retrouver la sécurité que lui faisait ressentir son frère. Des larmes s'échappèrent à nouveau. Elle avait envie de revivre la sensation que lui avaient provoquée les épaules de Django devant elle. 
Les yeux en pleurs et les joues en feu, elle ne comprenait rien à ce qu'il se passait.



Mais qu'est-ce-qu'il m'arrive ?





Commentaires

Pythonroux a dit…
On se le demande aussi Nadia ;) ^^
Surement un coup de ces foutues hormones, ils en mettent partout et ça dérègle tout le schmilblick bien agencé ^^

sympa ce chapitre où Nadia se défrise un petit peu et casse un chouïa le verni ;)
GGO a dit…
Bien agencé... Bien agencé... Faut l'dire vite, hein ! ^^"

Merci *bisou*
Marina a dit…
Ah ben l'armure a pris un gros coup dans les boulons dites donc !
Maintenant qu'elle a mis le doigt sur le problème elle va enfin partir à la recherche de son frère ? C'est pas qu'on attends les retrouvailles mais... On attends les retrouvailles quand même !!
Bisous !
GGO a dit…
Bah c't'à dire que l'intérêt c'est qu'elle avance un peu quand même... Ça fait 5 ans, hein, qu'elle tourne en boucle. Mais faut pas croire non plus qu'elle est sortie d'affaire, hein !
Et pour les retrouvailles... Comment évalues-tu ton degré de patience ? *grimace*
Marina a dit…
Oh ben tu me connais... Je dirais jusqu'à jeudi, ça te va ? xD
(et ne me réponds pas "ok pour jeudi 14 mai 2052", merci :p
GGO a dit…
Eh ben dis à ta patience de prendre une tisane parce-que non seulement, y'aura pas de retrouvailles jeudi, mais en plus y'aura pas de maj non plus, j'aurai pas du tout le temps cette semaine. *grimace*.
Mais j'apprécie beaucoup de tu ais hâte. Merci d'être passée ! <3
Missing a dit…
Ces deux là se rapproche, se découvre et j'aime bien comme c'est mené.
Il y a déjà une certaine complicité qui fait que leurs interactions sont un délice.
J'espère que Nadia ne se fermera pas par peur d'être encore blessée par quelqu'un qu'elle aime.
Après le départ de son frère on comprend qu'elle veuille pas trop donner pour être abandonnée encore une fois.
Et maintenant ... la suite !
GGO a dit…
Merci ! :-D