Nadia 20.




3 Semaines plus tard.


- « GGGGGnnnnnn ! ... Allez làààà... Nan mais sérieux... Dans quoi je me suis fourrée encore... »


- « Mais allez mes jambes !!! Tenez droit !! GGGgggnnnnnn ! »


Le Yoga ça calme... Tu parles ! Moi, ça m'énerve !!


Ok, et là, on va me dire que je suis la grâce incarnée peut-être...


Allez mes pieds.... Nan, genou gauche reste droit !

- « QUELLE BELLE VUE !!! »


L'exclamation la fit tomber raide sur le coté gauche. Elle se releva précipitamment, curieuse de savoir qui lui avait fait peur comme ça.
Elle ne fut qu'à moitié étonnée de la réponse.


- « Sen ? Mais qu'est-ce-que tu fais là ?!
- « Oh... Je passais dans le coin...
- « C'est la nouvelle promenade des Gerold ?
- « Pourquoi tu dis ça ?
- « Nan parce-que ton père est passé par là y'a pas si longtemps, et que je ne vous avais jamais vu, ni l'un ni l'autre. »

Sen haussa les épaules.

- « Mon père je sais pas, mais peut-être que moi je voulais prendre de tes nouvelles. Tu as deux minutes ? »

Quelque peu surprise, Nadia ne voyait cependant pas de raison de refuser. Elle enfila son sweat et ses basquettes et passa de l'autre coté de la barrière, suivant son camarade jusqu'à un banc non loin de là.


- « Bah alors ?! On te voit plus ! C'est maintenant que tu devrais pavaner en ville !
- « Et pourquoi ?
- « Bah pour Miko ! Si les Oruscant on retiré leur plainte, c'est quand même grâce à toi ! »

L'adolescente déglutit difficilement. Oui c'était en partie grâce à elle... Mais la victoire était plus qu'amère.
De ce que savait Nadia, Yang s'était finalement rendue au commissariat. Quelques heures plus tard, Fabien était libre. Et la jeune fille avait pris ses affaires et était partie. Depuis, Nadia n'avait eu de nouvelles ni de l'un, ni de l'autre.

- « Il t'a appelé au moins pour te remercier ?
- « Non. Mais ce n'est pas vraiment la peine. Après tout, c'est Yang et Juliette qui ont tout fait.
- « Ouais, mais sans toi, rien ne serait arrivé.
- « Raison de plus. »

Le double sens de sa phrase ne le percuta pas instantanément.


- « Nan mais je voulais dire..." Voulut-il préciser en saisissant l’ambiguïté.
- « J'ai compris, Sen. Mais ta phrase est vraie dans les deux sens. Ecoute, c'est vraiment gentil de...
- « Nan mais Nadia, je trouve ça injuste. Tu as rendu un service à beaucoup de monde en renvoyant Oruscant chez lui. Je trouve que tu as été super courageuse.
- « Merci, mais je ne suis pas très à l'aise avec ça alors s'il te plaît...
- « D'accord d'accord... On en parle plus. Bon comment ça va... ? T'as pas de ses nouvelles alors ? »

Nadia secoua la tête.

- « Mais ça ne me dérange pas, poursuivit-elle. Je crois qu'on avait plus grand chose à se dire, de toute façon...
- « Bon, d'accord... Mais franchement, ta bouille tristounette me fait vraiment de la peine. Tu voudrais pas qu'on sorte, tous les deux, pour te changer les idées ? C'est moi qui régale !
- « Euh...
- « Si Miko est trop bête pour te laisser tomber, moi j'le suis pas. Allez dis oui, on va se détendre ! Ça va te faire du bien de sortir un peu...»

Il était vrai que l'adolescente sentait toujours ce vide en elle qui lui dictait de refuser tout net et de se précipiter de l'autre coté de la haie, en sécurité. Mais la jovialité de Sen sembla remporter le bras de fer et elle dit timidement :

- « Ok... »



- « Cool ! Tu m'as jamais vu danser ! Rien que ça, ça va faire ta journée. On se voit Samedi alors ?
- « Je demande chez moi et je te dis.
- « Ok. Bon, au pire il me reste un stand de limonade de quand j'étais gamin. Je me mettrai de l'autre coté de la barrière et on passera quand même une bonne soirée ! Allez à Samedi. »

Toujours avec son grand sourire, il lui adressa un clin d’œil et lui fit un signe de main en guise d'au revoir.
Nadia resta quelques instants sur son banc, encore étonnée de ce qu'il venait de se passer.





***






Allez Anjana. Tu vaux mieux que ça.


Mais rien à faire, les paroles du policier la hantaient.


- « Vous pourrez dire ce que vous voulez, ça ne changera pas les faits. Mon rôle est de mettre les éléments dangereux hors d'état de nuire, et s'il faut ruser pour cela, eh bien je suis prêt à le faire."


- « Ah parce-que manipuler une gamine de 17 ans, fragile de surcroît, c'est « ruser » ? Mais vous êtes complètement dingue !
- « Nadia Magnolia est tout, sauf fragile. »

La stupeur l'avait figée, un instant.

- « Oui, je sais qui elle est, Avait-il continué. Je l'ai bien assez côtoyée, comme vous le savez. Que ça vous plaise ou non, ce n'est pas votre fille. Elle est faite d'un autre matéri... »


Et la gifle était partie. Non, il n'avait pas le droit de dire ça. Et pourtant, ce salaud continuait :

- « C'est la pure vérité. Vous pourrez me tenir éloigné d'elle autant qu'il vous plaira, c'est elle qui viendra à moi. Car même si elle se sent trahie à cet instant, elle ne peut nier que son petit copain est dehors. Et c'est grâce à elle. Et c'est grâce à moi.
- « Vous êtes toxique.
- « Je suis nécessaire.
- « Que lui voulez-vous ?
- « Cela ne vous regarde pas. C'est entre elle, sa famille et moi. »



C'est moi sa famille.

Il lui avait fait tellement mal. 


Après quelques instants de lutte, elle se décida à sortir de sa chambre.
C'était si dur, de ne pas lui interdire de sortir, ce soir. Si dur de se dire que le fils n'était pas le père...

Elle frappa doucement à la porte.

- « Oui ! Je suis presque prête. »



Anjana avait la gorge nouée.

N'y va pas... J'ai tellement peur pour toi...

- « Ça va ? S'inquiéta l'adolescente. Tu es toute pâle...
- « Oui oui... Je... Tu es sûre que tu ne veux pas qu'on vienne te chercher ?
- « Sûre ! Regarde... »


Nadia attrapa son téléphone et lui indiqua de venir regarder l'écran :

- « Tu vois, c'est une appli qui te permet de réserver un chauffeur. Tu attends 10 minutes max et il vient te chercher pour te ramener chez toi.
- « C'est un taxi en quelque sorte ?
- « Oui, sauf que c'est un service de la ville. Pour les moins de 25 ans, c'est moitié prix. C'est Sen qui m'a montré ça. »

Et tu as une appli qui permette de te filmer toute la soirée ?

- « Ecoute Nadia... Je dois t'avouer que je ne suis pas très à l'aise avec cette sortie. John Gerold est le fils de celui qui t'a utilisée. Et ça t'a fait beaucoup de mal. Je ne lui fais pas confiance.
- « John n'est pas du tout son père, Anjana. Tu peux me croire. Mais je ferai attention, je te promets.
- « Bon... »


- « Parce-que tu sais ce que je leur fais, moi, aux Gerold qui sont pas sages ? »

L'adolescente rit avec bon cœur et cela transperça le cœur plein de doute d'Anjana. Elle ne put alors maîtriser son geste.


Non, elle ne l'avait peut-être pas portée, mais cette fille était la sienne. 





***




Le bus l'avait déposée près de la future bibliothèque. Elle avait vraiment hâte de découvrir l'intérieur !

Revenant sur ses pas pour atteindre l'Eruption Solaire, elle découvrit son rendez-vous de dos, apparemment très occupé avec son téléphone.

- « Eh ben alors... Quel accueil ! »

Il leva alors la tête et se tourna dans sa direction. Il eut l'air ravi de ce qu'il vu.


- « J'voulais garder la surprise jusqu'au bout !
- « Et ?
- « Et j'suis pas déçu. Tu es très belle. »


Elle aurait bien voulu dire qu'elle n'était pas sensible à la flatterie. Mais ça aurait été faux !

Il s'avança alors vers elle, lui attrapa la main et ensemble se dirigèrent vers l'entrée du bar à cocktails.


C'était facile, de discuter avec Sen. Il avait cette légèreté, cette jovialité qui mettait tout de suite à l'aise. Même elle.
Pour la première fois depuis longtemps, elle ne pensait qu'à l'instant présent. Le cocktail sans alcool, la musique, Sen, et même le sourire attendri de la barmaid.
Malheureusement, une indésirable vint gâcher ce moment : 


- « Hey je te connais ! T'es le nouveau capitaine des Crotales !
- « Oui, c'est moi.
- « Qu'est-ce-qu'il s'est passé avec Oruscant ? Il s'est blessé ?
- « Oui. Rupture d'un ligament croisé. Il va bientôt se faire opérer. Il est retourné chez lui.
- « Oh quel dommage ! Et il s'est fait ça comment ? A l'entraînement ?
- « Oui. Ils se sont rentrés dedans avec un autre joueur et il est mal retombé.
- « Oh c'est moche. Et c'est qui le fautif ?
- « C'est la faute de personne. Ils avaient qu'à regarder où ils allaient.
- « Nan d'accord mais bon... C'était qui l'autre joueur ?
- « Django.
- « Fabien « Miko » Django ? Ah c'est marrant, y'a des bruits qui disent qu'ils se seraient battus... 
- "C'est faux. 
- "N'empêche, il a du avoir les boules que ce soit toi qui remplace Oruscant. Il joue encore ? Ça fait des siècles qu'on l'a pas vu sur le terrain.
- « Il a d'autres préoccupations en ce moment.
- « Ouais, mais c'est pas comme ça qu'il va se faire recruter... Dommage. Il était bon lui aussi. Et sinon... »


Nadia décrocha à cet instant. Visiblement, leur voisine de table n'avait pas l'air d'avoir remarqué qu'elle était là.


Ainsi Fabien ne jouait plus... Allait-il bien ? Lui en voulait-il ?

Ça t'a pas suffit avec Dan ? S'il n'est pas là, c'est qu'il ne veut pas te voir, point.


- « Eh Calcuta... T'es avec moi ? »


- « J'suis désolé pour la relou... Je te dirais bien que ça arrive jamais mais bon... » Se justifia John.

L'adolescente n'avait pas remarqué son départ, toute à ses pensées.

Quelles étaient les préoccupations de Fabien ? Ses parents avaient-ils accepté qu'il passe le concours de médecine ? Était-il toujours avec Juliette ? Est-ce-qu'il pensait à elle ? Car même s'il l'avait rejetée, il ne pouvait pas nier le baiser qu'il lui avait donné la dernière fois qu'ils s'étaient vus.

- « Calcutaaaaaa... 
- « Hum ? Répondit-elle pas tout à fait là encore.
- « Allez viens danser, ça te changera les idées. »

Il lui attrapa à nouveau la main pour l'entraîner sur la piste de danse.

- « Tu vas voir, je danse comme personne ! »


Et c'était vrai. Mais pas dans le sens où elle l'avait imaginé :

- « Tu ne m'avais pas menti !
- « Nan mais rigole ! Je vais le réussir un jour ce pas ! »

Et elle rit à nouveau de bon cœur. C'est que ça devenait une habitude !


C'était peut-être ça, qu'il fallait faire. Se laisser aller. Laisser les choses venir à soi. C'était tellement plus facile... 

Après tout, c'était Sen qui était là, avec elle...

- « Hey Calcuta ! Roooooo T'as loupé ! J'ai réussi ! »


C'était encore Sen qui avait l'air tellement content de passer du temps avec elle qu'il mit directement sur SimsBook la photo qu'ils venaient de prendre tous les deux.


Et c'était toujours Sen qui n'hésitait pas à la prendre dans ses bras pour lui dire « au revoir », et qui ne la repoussait pas la seconde suivante.

Oui. Laisser faire, ça avait aussi du bon.








Commentaires

Eulaline a dit…
J'ai juste envie de retenir de ce chapitre - bon, mise à part la tarte de l'inspecteur parce que ça, j'aime trop aussi et Anjana qui me fait fondre totalement - c'est que voilà venu le temps où Nadia se donne le droit de rire.
Alors, peu importe avec qui, pourquoi, comment...l'important, c'est ce lâcher-prise, le laisser-venir et le carpe diem qui vient doucement sans penser à demain, sans espérer ce qui ne vient pas.
Cette soirée, quoi qu'elle amène à Nadia, lui aura permis au moins de vivre une fois, une première fois, la joie de profiter de l'instant.
Et sans ses couleurs de guerre, elle est encore plus jolie, la belle Nadia <3 dont l'écho d'un autre ne cesse de résonner au fond de son petit cœur. J'espère, malgré tout, que tout ne se passe pas trop mal pour Django. Je me réjouis qu'il ait retrouvé sa liberté mais son silence m'inquiète. J'aurais bien voulu, comme Nadia, avoir des ses nouvelles :)

Encore un très beau chapitre, un petit rayon de soleil qui fait vraiment du bien. :)

GGO a dit…
"Alors, peu importe avec qui, pourquoi, comment..."

Vous ne lui accordez que peu de crédit à mon petit Sen... XD Remarque, je comprends,c'est le petit nouveau, le challenger ! Mais il a de la volonté ^^ C'est vrai que les personnages légers comme lui n'inspirent pas vraiment confiance, ni passion. Maaaaaiiiiiissss Laissez-moi le temps de le faire arriver XD
Django... Eh bien c'est un mystère ! :o ^^

"Sans ses couleurs de guerre"
Mon Dieu que tu as raison. C'est exactement ça.

Franchement, je trouve que tu parle mieux de mon histoire que je ne pourrais jamais le faire. Merci. <3
Pythonroux a dit…
Moi, j'aime bien Sen... Fabien est avec Juliette, il laisse Nadia toute seule, le Damian n'est plus dans les parages, il a toutes les raisons de tenter sa chance ^^
Et avec de la bonne volonté, y a des chances pour que cela fonctionne ^^

Allez Sen, vas-y continue ;)
GGO a dit…
Je me disais bien que Sen aurait un peu plus de succès auprès des garçons ^^

Moi j'suis d'accord : elle a l'air open, pourquoi s'arrêter ? Il pourrait y avoir une belle surprise à la fin... Après tout, comme dit sur l'off, toutes les histoires d'amour ne commencent pas par une fanfare !
Missing a dit…
La petite Nadia grandit encore et devient une jeune femme. Fini les couleurs dans les cheveux, et avec un nouveau copain à l'horizon, tout semble aller pour le mieux.
Mais est-ce vraiment le cas ?
Elle n'a toujours pas résolu son conflit avec son frère. Et il semble que l'inspecteur n'en ait pas fini avec elle et cherche encore quelque chose, et ce même si Anjana lui a remis les idées en place.
Du coup, j'ai du mal à confiance à Sen. Y a quelque chose de louche là dessous ...